Des frappes indiennes « chirurgicales » contre des camps rebelles situés près de la frontière avec le Pakistan

inde-20160929

Depuis l’attaque commise le 18 septembre, au Cachemire, contre une caserne de l’armée indienne (18 tués) et attribuée au groupe jihadiste Jaish-e-Mohammad, suspecté d’être soutenu par les services pakistanais (ISI, Inter-Services Intelligence), les relations entre New Dehli et Islamabad – deux puissances nucléaires – connaissent un regain de tensions.

Une semaine après cette attaque, la plus meurtrière depuis 15 ans, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a eu des mots très durs à l’égard du Pakistan. « C’est le seul pays qui exporte le terrorisme partout », a-t-il lancé, le 24 septembre, devant un rassemblement dans l’Etat du Kerala.

« Nous avons tous deux obtenu l’indépendance la même année, mais (aujourd’hui) l’Inde exporte des logiciels alors que le Pakistan exporte des terroristes », a continué M. Modi. Et « chaque fois qu’on apprend qu’une action terroriste (a été commise), on apprend que le terroriste est d’abord venu dans ce pays, soit y arrive après comme Oussama Ben Laden », a-t-il insisté.

Après l’attaque de la caserne d’Uri, New Delhi a pesé ses options face à Islamabad. Et l’une d’entre elles consisterait à dénoncer le Traité sur les eaux de l’Indus, qui, conclu en 1960, régule le partage des eaux de ce fleuve entre les deux pays. Ou du moins, il serait question de « maximiser » le volume d’eau utilisé par l’Inde en accélérant la construction de centrales hydroélectriques sur le cours de trois affluents qui passent ensuite au Pakistan.

Or, pour Islamabad, une dénonciation de ce traité serait considéré comme « un acte de guerre » dans la mesure où l’eau devient rare au Pakistan, en raison de l’explosion démographique. Depuis 1947, l’on est en effet passé de 5.000 m3 d’eau par an et par habitant à seulement 1.000 m3. « Il est fortement irresponsable, de la part de l’Inde, ne serait-ce que d’envisager de dénoncer le traité sur les eaux de l’Indus », a ainsi déclaré Sartaj Aziz, le conseiller en politique étrangère du premier ministre pakistanais Nawaz Sharif.

Puis, le gouvernement indien a annoncé, le 27 septembre, qu’il ne participerait pas au sommet de l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (SAARC), qui doit avoir lieu à Islamabad, les 9 et 10 novembre prochains.

« L’augmentation des attaques terroristes transfrontalières dans la région (…) a créé un environnement défavorable au succès du 19ème sommet de la SAARC », a ainsi fait valoir le ministère indien des Affaires étrangères.

Depuis juillet et la mort de Burhan Wani, un responsable du mouvement séparatiste « Hizb-ul-Mujahideen », classé comme organisation terroriste, la partie indienne du Cachemire est en effet le théâtre de violences quotidiennes qui ont fait plusieurs dizaines de tués.

Au cours de ces derniers mois, Narendra Modi a affirmé que l’armée indienne avait mis en échec 17 tentatives d’infiltrations à travers la Ligne de Contrôle [LoC, qui sépare les parties pakistanaise et indienne du Cachemire, ndlr] et tué 110 « candidats » à des attaques-suicide. Et visiblement, le gouvernement indien a décidé de frapper un grand coup.

En effet, ce 29 septembre, lieutenant-général Ranbir Singh, le chef des opérations militaires de l’Indian Army ( Director General of Military Operations – DGMO) a affirmé que des « frappes chirurgicales » avaient été effectuées au cours de la nuit contre des camps rebelles situés le long de la LoC.

« Des équipes de terroristes s’étaient positionnées dans des bases le long de la ligne de contrôle pour rentrer clandestinement et perpétrer des attaques terroristes (en Inde) », a précisé l’officier général indien. Ce qui suggère que ces frappes, qui ont fait « un nombre significatif de victimes dans les rangs des terroristes et de ceux qui essayent de les soutenir », ont atteint le territoire pakistanais.

En outre, a continué le lieutenant-général Singh, « les troupes pakistanaises ont ouvert le feu à minuit sur les postes indiens dans le secteur de Nowgan dans le nord du Cachemire. Elles ont également tiré des mortiers. L’armée sur la ligne de contrôle a répliqué et des échanges de coups de feu intermittents se poursuivent. »

À Islamabad, on a indiqué, au même moment, que deux soldats pakistanais avaient été tués près de la LoC. « Les troupes pakistanaises ont répondu à des tirs indiens non provoqués sur la ligne de contrôle », a fait savoir l’état-major, précisément dans les secteurs de Bhimber, Hot Spring, Kel et Lipa. « La notion de frappes chirurgicales contre de prétendues bases terroristes est une illusion volontairement imaginée par l’Inde pour créer un effet trompeur », a-t-il ajouté.

Ce communiqué est dans la droite ligne des propos tenus le 21 septembre à la tribune de l’ONU par Nawaz Sharif, le Premier ministre pakistanais. « La communauté internationale ignore les tensions grandissantes en Asie du Sud à ses risques et périls », avait-il dit. Et d’ajouter : « Le Pakistan souhaite être en paix avec l’Inde, j’ai fait le maximum d’efforts pour y parvenir. (…) Mais l’Inde a posé des conditions préalables inacceptables pour entamer un dialogue. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]