Défense européenne : Londres continuera à s’opposer à toute initiative qui affaiblirait l’Otan

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Après le départ annoncé du Royaume-Uni de l’UE (Brexit) et avant les prochaines échéances électorales, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, estimait récemment qu’il y avait une « fenêtre d’opportunité » pour des « initiatives fortes » afin de faire avancer la défense européenne.

Et, en la matière, à l’occasion d’une réunion des ministres de la Défense à Bratislava, ce 27 septembre, la France et l’Allemagne vont proposer conjointement aux autres États membres de l’UE toute une série de mesures visant à déclencher plus facilement les opérations de l’UE, ce qui passerait par la création d’un grand quartier général européen (sur la base de celui de l’Eurocorps) et la mutualisation, pour ceux qui le veulent, de certaines capacités, notamment dans le domaine du soutien.

Seulement, le « fenêtre d’opportunités » évoquée par M. Le Drian pourrait bien être encore plus étroite que prévu. En effet, le Royaume-Uni, qui, par ailleurs, garde son mot à dire tant que sa sortie de l’UE n’est pas effective, continuera à s’opposer à toute initiative susceptible de dupliquer les structrures de l’Otan et in fine, de l’affaiblir. Pour rappel, l’idée d’un quartier général européen n’a jamais eu les faveurs de Londres (mais aussi celles d’autres capitales européennes).

Dès son arrivée à Bratislava, le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, a assuré que si le Royaume-Uni est en train de « quitter » l’Union européenne, il « restera engagé en faveur de la sécurité de l’Europe », comme c’est le cas avec le déploiement de soldats en Estonie et en Pologne dans le cadre des mesures de réassurance de l’Otan.

« Nous sommes d’accord sur le fait que l’Europe doit faire davantage pour répondre aux défis du terrorisme et de l’immigration », a continué M. Fallon. « Mais, a-t-il prévenu, nous allons continuer à nous opposer à toute idée d’une armée européenne ou d’un quartier général pour une armée européenne, qui reviendrait simplement à saper (l’autorité de) l’Otan. » Car, selon lui, « l’Otan doit rester la pierre angulaire de notre défense et de la défense de l’Europe. »

Cela étant, les dirigeants de l’UE ont conscience qu’une armée européenne n’est pas pour maintenant, ni pour demain (mais peut-être pour aprés-demain).

« Nous sommes tous d’accord (…) qu’une armée européenne n’est pas quelque chose qui va arriver de si tôt, mais ce qui peut venir bientôt si les Etats membres s’engagent, c’est une avancée en matière de défense européenne », confiait, début septembre, Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. « Dans 50, 60, 100 ans, qui sait? », s’était-elle interrogée.

À Bratislava, Mme Mogherini n’a pas dit autre chose, en réponse au ministre britannique. Ainsi, l’objectif des mesures qui seront discutées lors de la réunion n’est pas de mettre sur pied une « armée européenne » – qui n’est prévue par aucun traité – mais d' »user des instruments déjà en notre possession pour avoir une défense européenne plus efficace, en pleine complémentarité avec l’Otan. » Et d’insister : « Il n’y a là rien d’idéologique, on parle des choses très concrètes que l’on peut faire. »

Pour autant, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, ancien Premier ministre d’un pays qui n’est pas membre de l’UE [la Norvège, ndlr], ne partage pas les craintes de Londres.

« Il n’y a pas de contradiction entre une défense européenne forte et une Otan forte. En réalité les deux se renforcent l’un l’autre », a-t-il en effet déclaré, au côté de Mme Mogherini. Et d’ajouter que le dialogue entre l’Otan et l’UE doit être « transparent et ouvert de manière à s’assurer que nous renforçons réellement l’Europe, la défense européenne, mais aussi la coopération transatlantique. »

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