Armes nucléaires : L’attitude de la Russie jugée plus inquiétante que celle de l’Union soviétique

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Il est souvent dit que le président russe, Vladimir Poutine, conçoit les relations internationales comme une partie d’échecs. Si on ne peut pas lui envoyer un certain sens de la tactique, le comparer à un joueur de poker serait peut-être plus pertinent, dans la mesure où il semble plus enclin à saisir la moindre occasion pour abattre ses cartes au moment qui paraît lui être le plus favorable.

En outre, un bon joueur de poker maîtrise l’art du bluff, ce qui suscite de l’incertitude chez ses adversaires, lesquels, s’ils n’ont pas les nerfs assez solides, sont susceptibles de commettre l’erreur qui leur fera perdre la partie. Et à ce jeu-là, M. Poutine sait y faire, comme, par exemple, lorsqu’il affirma, lors d’une émission de Rossia1, en mars 2015, qu’il avait envisagé de mettre en alerte les forces nucléaires russes après l’annexion de la Crimée. « Nous étions prêts à le faire (…) et à faire face à la tournure la plus défavorable qu’auraient pu prendre les événements », expliqua-t-il.

Or, pour Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, cette attitude du président russe a de quoi être inquiétante. En tout cas, elle tranche avec les pratiques en vigueur au moment de la Guerre froide, où chacun se tenait à carreau tout en se surveillant mutuellement afin d’éviter l’irréparable.

Aussi, à l’occasion d’un déplacement à Minot Air Force Base, qui abrite notamment des missiles nucléaires Minuteman III et des bombardiers B-52, M. Carter s’est demandé si les dirigeants russes actuels ont gardé « la grande retenue qu’avaient leurs prédécesseurs de l’époque de la Guerre froide, quand il s’agissait de brandir leurs armes nucléaires. »

« Aujourd’hui, l’utilisation la plus probable de l’arme nucléaire n’est plus la guerre totale » telle qu’elle fut envisagée pendant la Guerre froide et que les grandes puissances se sont abstenues de déclencher. Elle est plutôt une attaque terrible et sans précédent, par exemple par la Russie ou la Corée du Nord, pour essayer de forcer un adversaire supérieur sur le plan conventionnel à abandonner l’un de ses alliés » pendant une crise, a affirmé le chef du Pentagone, en dénonçant les « gesticulations nucléaires » de Moscou ainsi que les investissements russes visant à développer de nouvelles armes.

En effet, la Russie est notamment soupçonnée de mener un programme de missile de croisière en violation du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), signé en 1987 par les présidents Reagan et Gorbatchev.

Pour rappel, le FNI obligeait, trois ans au plus tard après son entrée en vigueur, l’URSS (et donc la Russie aujourd’hui) et les États-Unis à détruire « tous leurs missiles balistiques et de croisière lancés à partir du sol ayant une portée comprise entre 500 et 1 000 kilomètres et ceux dont la portée est comprise entre 1.000 et 5.500 kilomètres. »

Quoi qu’il en soit, les propos de M. Carter sont dans la ligne de ceux tenus par le général Joseph Dunford, peu avant d’être confirmé au poste de chef d’état-major interarmées. La Russie est une « puissance nucléaire » qui a « violé » la souveraineté d’un pays indépendant (celle de l’Ukraine) et « son comportement n’est rien moins qu’alarmant », avait-il dit, en citant ses actions « imprévisibles » et « agressives ». Aussi, avait-il conclu, ce pays présente la « plus grave menace à court terme pour la stabilité du monde entier. »

En revanche, et c’est plus inattendue étant donné la relative opacité chinoise en la matière, M. Carter a loué l’attitude de Pékin. « La Chine se comporte professionnellement dans le domaine nucléaire, malgré la croissance de son arsenal nucléaire, tant en quantité qu’en qualité », a-t-il affirmé.

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