Pour M. Ayrault, Damas « joue la carte de la partition » de la Syrie

syrie-20160215

Faut-il croire le président Bachar el-Assad quand il se dit, comme il l’a fait le 12 septembre, « déterminé à reprendre aux terroristes toutes les régions et à rétablir la sécurité » en Syrie? Au-delà de la capacité de ses forces armées, même soutenues par des puissances étrangères, à reconquérir l’ensemble du pays, la question de sa volonté à mettre en pratique ses intentions se pose.

En tout cas, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, assez discret sur le dossier syrien, en doute. Selon lui, avec la fin de la trêve qui figurait dans le plan russo-américain pour la Syrie et la reprise des opérations des forces gouvernementales à Alep, l’objectif du président el-Assad se limiterait à reconquête du pays « utile ». Et que, par conséquent, Damas se laverait les mains de la présence de l’État islamique (EI ou Daesh) à Raqqa et à Deir Ez-Zor.

« Avec le bombardement d’Alep, le régime joue la carte d’une partition de la Syrie, et ses soutiens la laissent faire », a en effet accusé le chef de la diplomatie française, lors d’une conférence de presse tenue en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. « Le régime syrien et ses alliés refusent de renoncer à leur fuite en avant militaire », a-t-il ajouté.

La « Syrie utile » est une région qui englobe l’ouest du pays, selon une ligne sud-nord allant de Damas à Alep, et qui inclut notamment les villes de Homs, Hama et Idlib. Son contrôle permet donc de garantir un accès à la mer Méditerranée, via Lattaquié et Tartous. En outre, elle concentre 65% de la population (en particulier les Alaouites, dont est issu le clan Assad) et l’essentiel des moyens de production.

Alors que les bombardements ont repris de plus belle à Alep afin de préparer une offensive terrestre contre les rebelles, M. Ayrault a affirmé que la « peut être légitimement qualifiée de désespérée ». Quant aux discussions entre la Russie et les États-Unis au sujet de la Syrie, le patron du Quai d’Orsay les a qualifiées « d’interminables », en insistant sur la « responsabilité particulière » des Etats-Unis, « qui prend une tournure historique ».

« Il est temps de passer à une approche plus collective » de gestion du conflit syrien », a estimé M. Ayrault, qui déplorait, la semaine passée, de ne pas avoir été informé sur le contenu de l’accord russo-américain trouvé à Genève le 9 septembre par l’Américain John Kerry et le Russe Sergueï Lavrov et qui aurait pu déboucher sur une coopération entre les forces russes et la coalition anti-EI.

En juillet, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait esquissé, devant les parlementaires, le scénario espéré par la France.

« La préoccupation des Russes est Jabhat al-Nosra [ou Front al-Nosra, devenu depuis Front Fateh al-Cham, ndlr], qui n’est pas Daesh, mais qui combat Daesh. Ce n’est pas non plus Al-Qaïda, mais ce sont aussi des terroristes. Aussi les Russes s’inquiètent-ils de la solidité de ce groupe, qui va croissant à mesure que Daesh rencontre des difficultés », avait commencé par expliquer le ministre.

« Un partenariat potentiel pourrait se dessiner, on identifie avec les Russes les limites, le pourtour, la localisation des groupes liés à Jabhat al-Nosra, on en sépare les groupes qui combattent vraiment Daesh, et qui récemment ont eux-mêmes été l’objet de l’action combinée des Russes et des forces armées syriennes, et on frappe, éventuellement ensemble, Jabhat al-Nosra ; en contrepartie, les forces syriennes renonceraient à leur aviation pendant l’ensemble de ces opérations », avait-il affirmé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]