Centrafrique : Nouvelle flambée de violence dans un fief de l’ex-Séléka

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Alors que l’opération Sangaris doit officiellement être terminée en octobre prochain, la Centrafrique connaît toujours des épisodes de violence sporadiques, dus en particulier aux combattants de l’ex-coalition rebelle de la Séléka, à dominante musulmane.

Le 3 septembre, à Nangayan, dans les environs de Dékoa, ville située sur l’axe Sibut-Kaga Bandoro, des affrontements entre un groupe de l’ex-Séléka et des villageois ont fait trois tués, dans le chef du village. Le bataillon burundais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unis pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA) est immédiatement intervenu pour mettre un terme aux combats.

Puis, dans la soirée, deux soldats burundais ont été gravement blessés lorsque leur unité burundaise a été prise à partie à 5 km au nord de Dékoa par une « colonne de motos ex-séléka tentant de forcer le passage vers le sud », a expliqué la MINUSCA. Un combattant de l’ex-coalition rebelle a été tué lors de l’échange de tirs, qui s’est terminé par la saisie de trois motos.

Dans un communiqué, la MINUSCA avait alors de nouveau appelé les « les groupes armés à respecter l’engagement qu’ils ont pris lors de la signature de l’Accord sur les principes de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement (DDRR). »

Mais ce nouvel appel n’a guère été entendu, car, le 16 septembre, de nouveaux combats meutriers ont éclaté dans la région de Kaga Bandoro (centre) entre des combattants de l’ex-Séléka et, apparemment, des miliciens anti-balaka.

« Au moins 20 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans des attaques lancées vendredi par des éléments ex-séléka contre Kaga Bandoro et des villages environnants, provoquant la peur parmi les habitants qui ont fui en brousse ou encore vers les localités voisines », a ainsi affirmé un responsable de la gendarmerie centrafricaine, a rapporté l’AFP.

« Les assaillants lourdement armés ont incendié des dizaines de maisons d’habitation qu’ils ont pillées dans ces villages, emportant de surcroît des biens et animaux domestiques. Certains habitants qui le peuvent, ont pris la route de Bangui, ou se sont réfugiés à Sibut », a continué ce responsable.

Toujours selon la même source, le village de Ndomété aurait été particulièrement affecté par ces violences. Et Diane Corner, numéro deux de la MINUSCA, a précisé auprès de RFI qu’une « réunion d’anti-balaka » se tenait dans cette localité au moment de l’attaque, avec « peut-être des chefs de village ». Et cela aurait donc « attiré l’attention de certains éléments ex-Seleka. » Et la diplomatie d’ajouter : « Pour autant que nous sachions, les anti-balaka ont été chassés du village et les ex-Seleka sont restés là pendant un certain temps. Mais ça s’est calmé grâce à notre action militaire. »

En effet, via un communiqué, la MINUSCA a indiqué être intervenue « à Ndomété pour séparer les belligérants afin d’éviter des répercussions sur la population civile, ainsi qu’à Kaga Bandoro afin de renforcer la sécurité dans la localité, notamment tant celle de l’hôpital que des déplacés. »

La région de Kaga Bandoro est un bastion du Front populaire pour le renouveau de Centrafrique (FPRC), un groupe issu de l’ex-Séléka dirigé par le « seigneur de guerre » Noureddine Adam, l’ancien numéro deux de la coalition rebelle, au sein de laquelle il a joué un rôle déterminant lors de la chute du régime du président Bozizé, en mars 2013.

Mais Noureddine Adam, qui, pendant un temps, prônait la partition de la Centrafrique avant de se raviser il y a queques mois, est visé par des sanctions internationales pour sa responsabilité dans les violences intercommunautaires ayant ensanglanté le pays en 2013. Réfugié pendant un temps au Tchad, il est revenu à Ndélé (nord de la RCA) avant de regagner son village natal, avec l’ambition de ré-unifier l’ex-Séléka.

Pour rappel, la MINUSCA, dont le mandat a été prolongé jusqu’en novembre 2017, compte environ 10.000 soldats en Centrafrique. Si la fin de l’opération Sangaris est programmée, la présence militaire française restera encore relativement importante dans le pays puisque Paris a proposé de mettre à la disposition de la force des Nations unis des drones tactiques Sperwer. En outre, la France est la nation-cadre de l’EUTM RCA, une mission de l’Union européenne destinée à former les forces armées centrafricaines (FACA).

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