Des commandos américains déployés en appui de l’armée turque dans le nord de la Syrie

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Un proverbe dit : « Les amis de mes amis sont mes amis et les ennemis de mes amis sont mes ennemis ». Mais cette affirmation n’est pas toujours pertinente, notamment dans cet Orient compliqué, vers lequel le général de Gaulle « volait avec des idées simples ».

Ainsi, depuis le 24 août, la Turquie, avec des groupes rebelles syriens qu’elle soutient, a lancé l’opération « Bouclier de l’Euphrate » afin de chasser non seulement les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh) des dernières positions qu’ils occupent dans le nord de la Syrie mais aussi contraindre les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes à se replier à l’est du fleuve Euphrate.

Seulement, ces milices kurdes syriennes (YPG) – et plus généralement les FDS – sont pratiquement les seules forces terrestres sur lesquelles la coalition peut compter pour combattre l’EI. Et c’est pourquoi les États-Unis ont engagé, à leurs côtés, des commandos des forces spéciales, afin de les conseiller et de guider les frappes aériennes.

Étant donné son hostilité à leur égard, en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation classée terroriste, la Turquie n’apprécie pas cette présence des forces spéciales américaines auprès des YPG.

Là où les choses se compliquent, c’est que des commandos américains – une dizaine – ont également été déployés en appui de l’armée turque dans le nord de la Syrie. Ce déploiement a été confirmé, le 16 septembre, par le Pentagone.

« Des forces spéciales américaines accompagnent les forces turques et celles de l’opposition syrienne modérée dans leurs efforts pour déloger l’EI d’une zone au sud de la frontière turco-syrienne près de Jarabulus et d’Al-Raï », a en effet indiqué le capitaine de vaisseau Jeff Davis. Et de préciser que ce déploiement a été effectué à la demande de la Turquie, alliée des États-Unis au sein de l’Otan.

Pour résumer, les forces spéciales américains appuient donc l’armée turque ainsi que les adversaires de cette dernière, c’est à dire les milices kurdes syriennes. « Il vaut mieux déblatérer de deux ennemis, que d’avoir à prendre parti entre deux amis », disait Publilius Syrus, un poéte latin né en… Syrie.

Visiblement, l’engagement de ces opérateurs des forces spéciales américaines auprès de l’armée turque a donné lieu à quelques tensions. Selon des sources proches de l’opposition syrienne armée, cinq ou six d’entre eux ont été contraints de quitter Al-Raï en raison de protestations de rebelles hostiles à leur présence.

Cela étant, les détails de cette coopération ont probablement été au menu de la rencontre entre le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain, et son homologue turc, le général Hulusi Akar, le 16 septembre, en Croatie.

La veille, le chef d’état-major turc avait rencontré, à Ankara, son alter ego russe, le général Valéri Guerassimov, pour évoquer la a crise syrienne ainsi que la coopération militaire bilatérale entre la Turquie et la Russie.

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