La Corée du Nord a effectué un cinquième essai nucléaire

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En mars, à l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité des Nations unies a alourdi les sanctions internationales visant la Corée du Nord, suite au quatrième essai nucléaire réalisée par cette dernière le 6 janvier et au lancement, un mois plus tard, d’une fusée ayant mis sur orbite le satellite Kwangmyong 4.

Ainsi, selon la résolution adoptée par le Conseil de sécurité, la fourniture à Pyongyang de « carburant aviation, y compris l’essence avion, le carburéacteur à coupe naphta, le carburéacteur de type kérosène et le propergol à base de kérosène » est théoriquement interdite, toutes les cargaisons à destination de la Corée du Nord doivent être inspectées, les avoirs financiers d’entités nord-coréennes sont gelés et l’embargo sur les armes a été étendu aux armes légères et de petit calibre.

Seulement, Pyongyang se moque de ces sanctions et mesures, qui se voulaient « d’une ampleur inédite depuis plus de 20 ans ». Depuis l’entrée en vigueur de cette résolution, la Corée du Nord a multiplié les tirs de missiles balistiques, dont plusieurs sont tombés dans la zone économique exclusive (ZEE) japonaise, et vient de procéder à un cinquième essai nucléaire, « le plus puissant à ce jour » selon le ministère sud-coréen de la Défense.

En effet, ce 9 septembre, un séisme de magnitude 5,3 a été détecté par l’institut américain de géologie (USGS) près du site nord-coréen de Punggye-ri, ce qui laissait à penser que la Corée du Nord venait de réaliser un nouvel essai d’une tête nucléaire, dont la puissance pouvait être estimée à 10 kilotonnes. Qui plus est, cela coïncidait avec le jour anniversaire de la création du régime nord-coréen, en 1948.

Plus tard, Pyongyang a confirmé avoir effectué avec succès son cinquième essai nucléaire. « Notre (…) parti a envoyé un message de félicitations à nos scientifiques (…) pour avoir mené un essai d’explosion réussi d’une tête nucléaire », a en effet annoncé la télévision nord-coréenne.

Pour le moment, on ignore la nature de l’arme nucléaire testée, c’est à dire si l’essai a été réalisé avec du plutonium ou de l’uranium hautement enrichi. Pour le savoir, il faut pouvoir recueillir des traces de gaz radioactifs – en particulier de xénon – potentiellement dégagés dans l’atmosphère. Lors des précédents tests, cette « chasse » aux particules, menée par un avion américain spécialisé, le WC-135 Constant Phoenix, n’avait pas donné grand chose…

Quoi qu’il en soit, et comme à chaque fois, l’essai nord-coréen est fermement condamné par la communauté internationale. Premières concernées, les autorités sud-coréennes ont vivement réagi.

« Avec cet essai nucléaire, le régime de Kim Jong-Un ne fera que s’attirer davantage de sanctions et d’isolement (…). Une telle provocation va accélérer encore la voie vers son autodestruction », a commenté la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, qui a souligné « l’inconscience maniaque » de Kim Jong-Un, le maître de Pyongyang. « Nous allons renforcer les pressions sur le Nord de toutes les façons possibles, y compris avec des sanctions supplémentaires, plus fortes avec la communauté internationale et au conseil de sécurité de l’Onu », a-t-elle assuré.

Alliée traditionnelle de Pyongyang, la Chine a fait part de sa désapprobation. « Aujourd’hui, la Corée du Nord a de nouveau procédé à un essai nucléaire en dépit de l’opposition générale de la communauté internationale, essai auquel le gouvernement chinois s’oppose fermement », a ainsi déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères.

« Nous sommes gravement préoccupés, les résolutions du Conseil de sécurité doivent être rigoureusement appliquées et nous devons envoyer ce message très fort », a commenté Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe.

Aux États-Unis, le président Obama a prévenu qu’il y aurait des « conséquences graves » pour Pyongyang après ce cinquième essai nucléaire.

« Le président a indiqué qu’il poursuivrait les consultations avec nos alliés et partenaires dans les jours à venir pour s’assurer que les actions provocatrices de la Corée du Nord se heurteraient à des conséquences graves », a en effet déclaré Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche.

À l’Élysée, le président Hollande a quant à lui dénoncé « avec force » ce nouvel essai nucléaire nord-coréen et a appelé « le Conseil de sécurité des Nations Unies à se saisir de cette violation de ses résolutions. »

Tout cela a un air de déjà-vu… Et renforcer encore des sanctions déjà lourdes sera tout autant inefficace puisque Pyongyang n’en a cure. D’ailleurs, la Chine s’attache généralement à en diminuer la portée, soit en demandant quelques exemptions, soit en fermant les yeux sur les trafics. En outre, lors de la diffusion des câbles diplomatiques américain par WikiLeaks, en novembre 2010, l’on avait appris que la Corée du Nord échangeait avec l’Iran sur le sujet de la technologie des missiles.

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