Un nouveau groupe armé fait son apparition au Niger

toubous-20160908Jusqu’à présent, le Niger était confronté à deux menaces : celle des groupes jihadistes liés à al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au nord et celle de Boko Haram, lié à l’État islamique (EI) au sud. Une troisième vient d’apparaître avec l’émergence d’un nouveau groupe armé, appelé « Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger » (MJRN).

En fait, il serait plus juste de parler de « réapparition » étant donné que ce groupe affime vouloir défendre les droits de la minorité ethnique des Toubous, comme les Forces armées révolutionnaires du Sahara (FARS) par le passé.

Cette ethnie est géographiquement présente dans trois pays, à savoir le Niger, le Tchad et la Libye, où elle fut marginalisée par le régime du colonel Kadhafi, ce dernier étant même allé jusqu’à les priver de leur citoyenneté. D’ailleurs, en 2008, une révolte menée par le  » Front Toubou pour le salut de la Libye » (FTSL) fut rapidement réprimée par l’armée libyenne.

Comme les FARS, le nouveau groupe armé a des vues sur les régions d’Agadez (nord) et de Diffa (sud-est), cette dernière étant régulièrement la cible des jihadistes nigérians de Boko Haram. Mais son combat vise surtout à obtenir des droits de la part de Niamey et à protester contre la présence chinoise dans le pays.

« Le Mouvement pour la Justice et la Réhabilitation du Niger informe l’opinion nationale et internationale de son intention à faire (d’avoir) recours à la lutte armée pour obtenir nos droits fondamentaux », est-il affirmé dans un communiqué signé par Adam Tcheke Koudigan, le chef « par intérim » de ce groupe.

« Le gouvernement du Niger est resté complètement indifférent à nos revendications plus que légitimes. (…) Malgré nos cris de détresse face aux dégâts écologiques des sites pétroliers (…) la dégradation de nos territoires de pâturages et de nos conditions de vie (…) les autorités de la république du Niger sont muettes à nos revendications », fait valoir le MJRN, qui s’en prend notamment à la compagnie pétrolière chinoise CNPC (China National Petroleum Corporation), accusée de faire « des millions de dollars de bénéfice sur les sites pétroliers » tout en faisant « payer le prix fort (…) sur le plan environnemental » aux « riverains ».

En outre, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans laquelle il apparaît aux côtés d’hommes armés, Adam Tcheke Koudigan revendique également « les droits les plus fondamentaux de boire de manger, de s’éduquer et se soigner ». Et d’ajouter : « Nous sommes sur le terrain, engagés (…) si l’heure arrive nous allons attaquer le Niger. »

Visiblement, à en croire une source proche du gouvernemnt nigérien, citée par l’AFP, la menace du MJRN n’est pas prise très au sérieux. « Cette vidéo, c’est un juste un coup médiatique, Koudigan est insignifiant, il n’a personne derrière lui », a-t-elle estimé.

Cela étant, le MJRN pourrait très bien bénéficier d’un soutien des Koudous installés en Libye où, à la faveur de la révolution libyenne contre le régime du colonel Kadhafi, ils ont pu se récupérer des armes et des munitions. Établis dans une région, le sud libyen, riche en pétrole, en eau et en minerais rares tout étant un carrefour pour de juteux trafics en tout genre, ils sont cependant souvant aux prises avec les Touareg et la tribus des Zwaïs.

Qui plus est, lors de la révolution libyenne, des combattants toubous tchadiens, exilés au Soudan après avoir échoué à renverser le président Idriss Déby Itno en 2008, avaient aidé leurs semblables en Libye. En février, RFI a même rapporté que ces derniers, restés sur place, ont été enrôlés pour lutter contre l’expansion de l’EI dans le pays.

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