Pour l’Ukraine, l’adhésion à l’Otan est toujours un « objectif stratégique »

 

 

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Ces derniers mois, aux prises avec une rébellion séparatiste pro-russe dans sa région du Donbass (sud-est), l’Ukraine a reçu (ou est sur le point de recevoir) une aide militaire américaine, britannique et même lituanienne, Vilnius lui ayant livré 150 tonnes de munitions le 3 septembre. Pour autant, son président, Petro Porochenko, a estimé, ce 6 septembre, qu’il est devenu plus difficile pour Kiev d’obtenir le soutien des Occidentaux afin de faire face à une éventuelle invasion russe.

« L’Ukraine aura encore besoin d’un soutien international fort dans son combat contre l’agression russe », a affirmé le président Porochenko, à l’occasion de la rentrée parlementaire. « Mais assurer ce soutien devient de plus en plus difficile pour nos diplomates à cause d’une divergence au niveau des objectifs et de facteurs subjectifs », a-t-il dit.

En fait, ce que craint le président ukrainien est que, comme l’a montré le dernier scrutin organisé dans la région du Mecklembourg (Allemagne), avec la progression fulgurante du parti d’extrême-droite AfD, certains thèmes électoraux favorisent des mouvements politiques favorables à la Russie. « L’Europe parle toujours d’une seule voix, mais il y a aussi des pays où l’accent russe est déjà trop audible », a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, pour Kiev, l’adhésion à l’Otan reste « un objectif stratégique ». Du moins, c’est ce qu’a répété le président Porochenko devant les députés ukrainiens, en soulignant, toutefois, que l’Ukraine a atteint un niveau de coopération « sans précédent avec les États membres de l’Alliance ».

Cela fait des années que Kiev tente de rejoindre l’Otan. En 2008, sa candidature avait été rejetée, en même temps que celle de la Géorgie, en raison de l’opposition de la France et de l’Allemagne. Et elle n’a guère plus de chance d’être acceptée dans un avenir proche à cause des tensions avec la Russie.

Pour le moment, il n’est pas question pour l’Otan d’aller plus loin qu’un soutien « politique et pratique » à l’Ukraine. Lors d’un déplacement à Kiev, en septembre 2015, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, avait pris soin d’éviter la question d’une éventuelle demande ukrainienne d’adhésion.

Pour autant, M. Porochenko ne s’était pas privé de le faire, promettant d’organiser un référendum sur cette question une fois que l’Ukraine aurait réuni toutes les conditions nécessaires pour adhérer à l’Otan et soulignant que son pays était « l’avant-poste le plus oriental de la région euro-atlantique. »

Justement, à en croire un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev, 43,9% des Ukrainiens interrogés sont favorables à une adhésion à l’Otan, contre 38% qui s’y sont opposés. Mais ce n’est là qu’une enquête d’opinion…

En attendant, la question du Donbass fera l’objet d’un nouveau sommet à quatre (France, Allemagne, Ukraine, Russie) dans les prochaines semaines. « Nous devons poursuivre le processus (de paix) de Minsk, régler les points de blocage actuels, notamment la mise en oeuvre du statut spécial, la situation sécuritaire et l’absence de confiance entre les parties », a en effet expliqué le président Hollande, en marge du sommet du G-20.

Quelques jours plut tôt, à l’occasion de la Conférence des ambassadeurs, le locataire de l’Élysée avait déploré l’aggravation brutale de la situation dans le sud-est de l’Ukraine et parlé de « risques élevés d’escalade ». « Nous nous fixons deux objectifs pour la fin de l’année : le premier, la sécurité, avec la démilitarisation progressive et l’établissement d’un véritable cessez-le-feu contrôlé et vérifié par l’OSCE. Le second objectif, c’est la tenue des élections à l’Est, dans le respect de la loi ukrainienne et des normes internationales. L’un ne va pas sans l’autre », avait-il annoncé.

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