Le Drian : Une « fenêtre d’opportunité » pour des initiatives européennes fortes en matière de défense

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Au coeur de l’été, les ministres italiens de la Défense (Roberta Pinotti) et des Affaires étrangères (Paolo Gentiloni) ont publié une tribune dans le quotidien « Le Monde » pour lancer un appel à un « Schengen de la défense » afin d’exploiter les perspectives ouvertes en la matière par le Brexit [sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, ndlr].

La relance de « défense commune (…) nous permettrait non seulement de renforcer notre capacité opérationnelle dans les zones de crise et dans la lutte contre le terrorisme, et d’augmenter l’efficacité de nos ressources, mais également d’obtenir un impact politique important, en soulignant notre volonté d’appuyer concrètement le projet d’intégration », ont ainsi fait valoir les deux ministres, dont le gouvernement a allègrement « taillé » dans le budget de ses forces armées au cours de ces dernières années (-12,4% selon les chiffres de l’Otan).

Préférant parler d’une « force européenne multinationale » dotée d’une structure de commandement et de mécanismes décisionnels et budgétaires communs au lieu d’évoquer une « armée européenne », Mme Pinotti et M. Gentiloni ont ainsi plaidé pour le « lancement par un groupe d’États membres d’une sorte d’Union pour la défense européenne ».

Dans le cadre de ce qu’ils appellent un « Schengen de la défense », un groupe d’États membres « pourrait accélérer son intégration dans le domaine de la défense en mutualisant un certain nombre de capacités et de ressources, sur la base d’un modèle et d’un concept partagés et d’un accord constitutif qui en établirait les finalités ainsi que les modalités opérationnelle. » Cette « force européenne multinationale » pourrait alors être mise à la disposition de l’UE mais aussi de l’Otan et des Nations unies.

Cet appel sera-t-il entendu? Dans le cadre de la stratégie globale de l’UE dévoilée en juin, Mme le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la sécurité, Federica Mogherini, a fait savoir, le 2 septembre, lors de la réunion Gymnich, que des propositions visant à renforcer « l’Europe de la défense » seront mises sur la table à l’occasion du prochain Conseil européen, qui se tiendra à Bratislava.

« Cela comprend la définition de notre niveau d’ambition, le travail sur les capacités sur le plan militaire, mais aussi sur le plan civil, ainsi que l’utilisation complète de tous nos outils déjà prévus par les traités, y compris l’utilisation des groupements tactiques de l’UE (Battlegroup, jamais utilisés depuis 2007) ou le recours à une coopération structurée », a avancé Mme Mogherini.

Quoi qu’il en soit, pour Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, il y a une « fenêtre d’opportunité » pour avancer sur ce dossier.

« Il y a entre maintenant et décembre ce qu’on pourrait appeler une fenêtre d’opportunité pour des initiatives européennes fortes », a-t-il en effet déclaré, alors qu’il s’exprimait lors de l’Université d’été de la Défense, le 5 septembre, sur le campus de l’École polytechnique, à Palaiseau.

« Je ne suis pas sûr que ça se retrouvera dans les mêmes conditions d’ici longtemps, et notre souci est que cet espace temps là soit utile, pragmatique et concret », a encore fait valoir M. Le Drian. « Il faudra être très vigilants et très mobilisés », a-t-il ajouté.

Lors du dernier 14-Juillet, le président Hollande avait annoncé une « initiative française » en faveur de l’Europe de la Défense, en collaboration avec l’Allemagne. « Il s’agit de faciliter les engagements de l’Union européenne à l’extérieur de ses frontières, de renforcer la sécurité chez nos partenaires et nos voisins, de travailler ensemble à des capacités de réponse et également à conjurer les menaces contre nous à travers le terrorisme », avait-il expliqué.

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