Le contre-espionnage tchèque dénonce la guerre de l’information menée par les services russes

En avril 2015, avec les tensions entre Moscou et l’Union européenne provoquées par la situation en Ukraine, les autorités lituaniennes décidèrent de suspendre les programmes de la chaîne de télévision russe RTR Planeta, alors accusée de diffuser des informations « tendancieuses » au bénéfice de la Russie.

D’autres pays de l’ancien bloc de l’Est, aujourd’hui membres de l’UE et de l’Otan, sont aussi confrontés à cette « guerre de l’information ». C’est ainsi le cas de la Bulgarie, dont le ministère de la Défense avait évoqué, dans une note publiée en août 2014, la menace d’une « nouvelle guerre hybride, qui combinerait des méthodes conventionnelles avec celles de guérilla, de guerre d’information et de la cybernétique. » La Suède, qui s’interroge sur une éventuelle adhésion à l’Alliance atlantique, fait également l’objet d’une campagne de désinformation orchestrée par les services russes.

La République tchèque est aussi concernée, à en croire le dernier rapport annuel du BIS, son service de contre-espionnage, publié le 1er septembre.

Ainsi, selon le document, les services de renseignement russes mènent une « guerre de l’information » en République tchèque, avec la mise en place d’un réseau de groupes de « marionnettes » et d’agents de propagande susceptibles d’être « utilisés pour déstabiliser le pays ».

Le BIS affirme également que des agents russes ont cherché à attiser les tensions sociales et politiques dans le pays en s’appuyant sur des relais médiatiques et en soutenant les groupes populistes et extrémistes. En outre, ils tentent aussi d’influencer les médias tchèques sur leur traitement des conflits dans l’est de l’Ukraine et en Syrie.

« Le dispositif créé pour la réalisation de ces objectifs ne disparaîtra pas avec la fin de ces deux conflits », prévient le BIS, qui estime qu’il pourrait être « utilisé pour déstabliser ou manipuler la société tchèque à tout moment si la Russie le décide. »

En outre, le contre-espionnage tchèque souligne qu’une « grand nombre » d’officiers de renseignement russes travaillent sous couverture à l’ambassade de Russie à Prague, laquelle compte 140 personnels, soit deux fois plus que celle des États-Unis.

Ce n’est pas la première fois que le BIS s’inquiéte des menées russes en République tchèque. Un phénomène identique avait été observé en 2008, quand il était question d’installer dans le pays des éléments du bouclier antimissile de l’Otan.

« L’objectif (des services russes) est, dans un contexte plus large, de créer, entre autres, l’impression qu’on assiste en Europe à une réhabilitation du nazisme et à une négation du rôle de l’URSS dans la défaite du nazisme, et ce sous le patronage de l’Union européenne et de Otan », avait-il en effet relevé à l’époque.

Cela étant, il existe un courant pro-russe relativement important en République tchèque, le président Milos Zeman ayant d’ailleurs exprimé, à plusieurs reprises, des positions favorables à Moscou.

Quoi qu’il en soit, cette « guerre de l’information » est un sujet de préoccupation pour l’Union européenne, au point que cette dernière a créé une équipe pour « répondre à la désinformation » russe.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]