L’Iran demande à la Turquie de mettre un terme à son intervention militaire dans le nord de la Syrie

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Les États-Unis, et plus largement les Occidentaux, seraient soulagés de voir la Turquie cesser son intervention militaire dans le nord de la Syrie. Lancée avec le concours de groupes rebelles syriens soutenus par Ankara, l’opération « Bouclier de l’Euphrate », si elle a d’abord consisté à chasser les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh) de Jarabulus (ville qu’ils avaient déjà en grande partie évacué), vise désormais les milices kurdes syriennes (YPG), liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) turc.

Comme ces milices kurdes sont à la pointe du combat contre l’EI en Syrie et que, à ce titre, elles bénéficient de l’appui de la coalition anti-jihadiste dirigées par les États-Unis, les responsables américains cherchent à ménager la chèvre et le chou, c’est à dire ménager l’allié turc tout en soutenant les YPG.

Après avoir appelé à la fin des combats, qualifiés d’inacceptables par le Pentagone, un porte-parole de l’US Centcom, le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a assuré, le 30 août, que la Turquie et les milices kurdes avaient accepté un cessez-le-feu provisoire.

« Nous avons reçu l’assurance que toutes les parties impliquées vont arrêter de tirer les unes sur les autres et se concentrer sur la menace de l’EI », a en effet affirmé le colonel John Thomas.

Seulement, Ankara a catégoriquement démenti l’existence d’un tel accord. « Nous n’acceptons sous aucune circonstance », contrairement à ce que « certains porte-parole de pays étrangers disent, un compromis ou un cessez-le-feu entre la Turquie et les éléments kurdes », a fait valoir Ömer Çelik, le ministre turc des Affaires européennes. « La république turque est un État souverain et légitime » qui ne peut être mis sur le même plan qu' »une organisation terroriste », a-t-il ajouté.

Une trêve est « hors de question », a, de son côté, assuré Ibrahim Kalin, le porte-parole de la présidence turque. Quant au Premier ministre turc, Binali Binali Yildirim, il a réaffirmé la « détermination » d’Ankara à « poursuivre l’offensive jusqu’à ce que les […] terroristes soient totalement partis […] et aient retraversé l’Euphrate vers l’Est. » Et de rappeler à nouveau que les « États-Unis se sont engagés en ce sens auprès de notre pays à plusieurs reprises. »

Cela étant, et si les autorités russes sont plutôt discrètes au sujet de l’intervention turque, l’Iran a demandé à Ankara de cesser « rapidement » ses opérations militaires en Syrie afin d’éviter de compliquer davantage une situation déjà fort embrouillée.

« La poursuite de la présence militaire de la Turquie en Syrie complique encore davantage la situation », a en effet déclaré Bahman Ghassemi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Selon lui, l’opération « Bouclier de l’Euphrate » provoque « la mort d’innocents et il nécessaire que l’armée turque cesse rapidement ses actions militaires. »

L’Iran, qui est un allié proche du régime syrien, a, du moins dans années 2000, entretenu de bonnes relations avec la Turquie, en dépit de quelques tensions liées à l’installation d’un radar de la défense antimissile de l’Otan sur le territoire turc. Les deux pays ont accru leurs échanges économiques au cours de cette période. D’autant plus que Téhéran devait alors faire face au Parti pour une vie libre au Kurdistan, un mouvement kurde iranien, lié au PKK turc.

Puis, ces relations ont commencé à se refroidir avec le conflit syrien, les autorités turques étant résolues à faire tomber Bachal el-Assad, ce que cherche à empêcher Téhéran, qui s’est impliqué militairement dans le conflit.

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