Le Canada va mettre 600 militaires à la disposition des Nations unies

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Au cours de ces dernières années, le Canada a fortement réduit sa participation aux opérations de maintien de la paix (OMP) menées par les Nations unies au point que, actuellement, l’on ne compte plus qu’une trentaine de militaires canadiens parmi les Casques bleus alors qu’ils étaient 3.000 en 1993.

Mais, avec l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, issu du Parti libéral, qui a remporté les dernières élections législatives, les choses vont changer dans le cadre d’un « Programme pour la stabilisation et les opérations de paix » (PSOP) doté d’un budget de 450 millions de dollars canadiens sur trois ans.

Ce programme, présenté le 26 août par les ministres canadiens des Affaires étrangères, Stéphane Dion, de la Défense, Harjit Sajjan, et de la Sécurité publique, Ralph Goodale, lors d’une conférence de presse donnée sur la base aérienne de Bagotville, vise donner au Canada une « voix plus forte » sur la scène internationale tout coordonnant les actions en matière de politique étrangère, de défense, de développement et de sécurité nationale.

Ainsi, pour le gouvernement canadien, l’enjeu est de « s’attaquer aux causes et aux effets des conflits » et de « prévenir leur escalade ou leur récurrence » en se focalisant sur « l’alerte précoce, la prévention des conflits, le dialogue, la médiation et la consolidation de la paix, ainsi que l’autonomisation des femmes dans la prise de décisions pour la paix et la sécurité. »

« Le PSOP nous permettra de réunir toutes les ressources sur le terrain afin de mieux protéger les populations civiles et intervenir rapidement auprès des collectivités menacées, tout en tenant compte des besoins particuliers des groupes les plus vulnérables, dont les personnes déplacées, les réfugiés, les femmes et les enfants », a expliqué Stéphane Dion. « Il est temps de sortir de notre isolement pour faire face aux pires défis du monde depuis longtemps », a-t-il ajouté.

« Le Canada doit être un acteur positif dans le monde », a, de son côté, justifié Justin Trudeau, le Premier ministre lors d’un déplacement au Québec. « C’est une grave responsabilité d’envoyer nos troupes à l’étranger », a-t-il souligné.

En outre, cet engagement en faveur des opérations de l’ONU entre aussi dans le cadre de la campagne du Canada pour siéger comme membre non permanent du Conseil de sécurité d’ici 5 ans. « Nous sommes déterminés à revitaliser le rôle historique du Canada comme contributeur clé du maintien de la paix des Nations unies et à aider à faire progresser les réformes en cours » dans ce domaine, avait annoncé M. Trudeau, en mars dernier.

Cet aspect a été critiqué par l’opposition parlementaire canadienne. « Le but premier de ça pour nous est de donner une bonne image aux Nations unies pour essayer de regagner un siège. Mais est-ce que c’est une priorité pour le Canada, est-ce que c’est une priorité internationale actuellement? Moi je crois que non », a fait valoir Pierre Paul-Hus, le porte-parole du Parti conservateur pour les affaires militaires, lequel a dénoncé une « manipulation ».

Concrètement, le Canada entend engager 600 militaires dans les opérations actuellement menées par les Nations unies. Et ils serait très probablement envoyés en Afrique, où plusieurs missions importantes sont en cours, avec des moyens exigeants d’être renforcés, comme au Mali, en Centrafrique ou encore au Sud-Soudan.

L’annonce d’Ottawa a été immédiatement saluée par Stéphane Dujarric, le porte-parole de l’ONU. Des « discussions pour définier comment seront utilisés ces nouveaux moyens seront entamées rapidement », a-t-il dit, en suggérant que le Canada pourrait fournir des hélicoptères, qui manquent aux opérations en cours, comme au Mali par exemple.

Cette contribution canadienne aura « un grand impact », s’est encore réjoui M. Dujarric. « Il n’y a aucun doute que les forces armées canadiennes peuvent nous aider à renforcer nos capacités partout dans le monde », a-t-il estimé, d’autant plus qu’elles ont « une longue et glorieuse tradition de maintien de la paix. »

Toutefois, le ministre canadien de la Défense, a prévenu que les militaires canadiens enrôlés sous la bannière de l’ONU n’auront pas la tâche facile.

« La nature des conflits dans le monde change. Ils deviennent plus complexes que jamais », a-t-il en effet averti Harjit Sajjan. « Dans le passé, les opérations de maintien de la paix consistaient à soutenir une paix négociée entre des ennemis, en venant s’insérer entre eux pour préserver la stabilité. Malheureusement, ce n’est plus le cas » car aujourd’hui, elles sont « menées à des endroits où il n’y a peut-être pas de paix à préserver, où une paix fragile est constamment à risque de sombrer dans la violence, des violences qui touchent les plus vulnérables, et particulièrement contre les femmes et les enfants », a-t-il expliqué.

Pour en savoir plus : La contribution canadienne aux missions de maintien de la paix des Nations Unies [.pdf]

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