Création d’un commandement spécialisé pour la sécurité nucléaire sous l’égide de la Gendarmerie

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Quand la police belge a perquisitionné les logements des membres de la cellule terroriste de Molenbeek, une vidéo concernant le directeur du Centre d’études nucléaires (CEN) de Mol a été trouvée au domicile de l’un d’entre-eux. Et cela a relancé les craintes d’une possible attaque contre les installations nucléaires belges.

D’autant plus que, dans un entretien donné en mars au quotidien « La Libre Belgique », Gilles de Kerchove, le coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, avait évoqué cette menace. « Je ne serais pas étonné qu’avant cinq ans, il y ait des tentatives d’utiliser l’internet pour commettre des attentats », notamment en prenant le contrôle du « centre de gestion d’une centrale nucléaire, d’un centre de contrôle aérien ou l’aiguillage des chemins de fer », avait-il dit.

Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Jean-Bernard Levy, le Pdg d’EDF, assurait sur France2 que la vigilance était « extrême » sur l’ensemble des 19 centrales nucléaires exploitées par son groupe en France.

La sécurité des sites nucléaires français repose essentiellement sur le Peloton spécialisé de protection de la Gendarmerie (PSPG), une unité de 800 militaires formés au contre-terrorisme par le GIGN. Ces derniers, explique le ministère de l’Intérieur, doivent en effet « être en mesure de faire face à un commando lourdement armé et déterminé à mettre le site en péril ». Leur mission consiste également à lutter « contre les actes malveillants, comme les intrusions ou les vols de matière nucléaire. »

Une autre menace, autre que celle d’une attaque externe, est celle de complicités ou de sabotage internes. En Belgique, en août 2014, le réacteur 4 de la centrale de Doel avait été mis à l’arrêt à cause d’un acte malveillant, un ou plusieurs individus [non encore identifiés, ndlr] ayant volontairement vidangé 64.000 litres d’huile destinés en cas d’incendie à lubrifier la turbine en cas de surchauffe. Si cette action n’a pas eu de conséquence dramatique, elle a tout de même provoqué de lourds dégâts et mis en péril l’approvisionnement électrique du pays. En outre, après les attentats de Bruxelles, 4 employés de la centrale de Tihange se sont vu retirer leur habilitation de sécurité en raison de leur proximité avec la mouvance jihadiste.

En France, des enquêtes sont menées tous les trois ans sur les salariés des centrales et tous les ans sur ceux des sous-traitants. Chaque année, selon EDF, environ 700 demandes reçoivent un avis défavorable de la part des préfectures, lesquelles ne sont pas tenues à motiver leurs refus.

« Nous faisons, en liaison avec les services de police et de gendarmerie, des enquêtes systématiques sur toutes les personnes qui rentrent dans les centrales nucléaires et bien évidemment, s’il y a des obstacles à ce que les gens puissent rentrer et bien ils ne rentrent pas », avait expliqué, en novembre dernier, Jean-Bernard Lévy.

Pour faire face à ces menaces, le gouvernement avait annoncé, lors de la présentation, en mai, de son Plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme [.pdf], la création prochaine d’un « Commandement spécialité pour la sécurité nucléaire » (COSSEN) afin de « compléter le dispositif de protection des sites nucléaires civils. »

L’arrêté portant sur la création de nouveau commandement à compétence nationale a été publié au Journal Officiel du 24 août. Relevant du directeur général de la gendarmerie nationale, le COSSEN sera ainsi chargé de coordonner « l’ensemble des mesures destinées à assurer la protection des matières nucléaires, de leurs installations et de leurs transports contre tout acte de malveillance » et « préfigurer la création d’un service à compétence nationale dédié à cette mission de coordination. »

À ce titre, précise l’arrêté, il aura, à « élaborer les doctrines dans ses domaines de compétence », à « conduire en liaison avec l’ensemble des acteurs concernés par la protection des matières nucléaires, de leurs installations et de leurs transports les études nécessaires à ses missions » et à « proposer les modifications législatives et réglementaires nécessaires. »

Dirigé, donc, par un général de la Gendarmerie, le COSSEN sera installé au Fort de Charenton, à Maisons-Alfort. Il devrait compter 70 gendarmes, policiers et personnels civils.

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