L’Otan s’inquiète de l’importance des pertes subies par les forces afghanes

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L’élimination, en mai dernier, par une frappe américaine, du mollah Mansour, alors chef du mouvement taleb afghan, n’aura pas donné les résultats espérés. Loin de là. Le successeur du mollah Omar, dont la mort fut annoncé en juillet 2015, avait eu de la peine à s’imposer étant donné qu’il eut à faire face à la contestation de plusieurs chefs taliban.

En outre, il ne comptait pas faire la moindre place à la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (appelée « Province de Khorasan ») en Afghanistan. En cela, il restait sur la ligne définie par Ayman al-Zawihiri, le chef d’al-Qaïda, qui lui avait fait allégeance au moment de l’officialisation de sa nomination à la tête du mouvement taleb.

Désormais, sous l’autorité de son nouveau chef, le mollah Haibatullah Akhundzada, le mouvement taleb est en train de refaire son unité, des commandants influents ayant décidé de rentrer dans le rang après avoir contesté la légitimité du mollah Mansour. Qui plus est, les talibans et les jihadistes de l’État islamique ont conclu un accord de non-agression dans la province afghane de Nangarhar et il se dit même qu’il leur arrive de collaborer contre les troupes gouvernementales et les forces américaines…

Et puis la mort du mollah Mansour, outre qu’elle n’a eu aucun effet sur d’éventuels pourparlers de paix entre Kaboul et le mouvement taleb, n’a nullement perturbé l’insurrection. Des attentats sont toujours régulièrement commis dans la capitale afghane (le dernier en date a fait une dizaine de tué à l’Université américaine de Kaboul), la province septentrionale de Kunduz est toujours sous pression et les forces gouvernementales ne contrôlent plus qu’une petite partie de celle du Helmand, au prix d’intenses combats et du déploiement d’une centaine de militaires américains à Lashkar Gah, la capitale.

Les talibans, appuyés par des combattants « étrangers » et le réseau Haqqani, menacent par ailleurs d’autres provinces. Des combats ont ainsi été signalés dans celles de Baghlan, du Nouristan, de Paktia et de Farah. Et les forces afghanes, appuyées par leurs homologues américaines, sont aussi engagées contre l’EI dans celle de Nangarhar.

En 2015, les forces de sécurité afghanes ont eu 5.000 hommes tués au combat et compté jusqu’à 15.000 blessés. Au vu de la situation actuelle sur le terrain, leurs pertes risquent d’être encore plus importantes cette année. Du moins, c’est ce que redoute l’état-major de la mission Resolute Support, lancée par l’Otan en 2015 pour conseiller l’armée nationale afghane (ANA).

« Ce qu’on sait, c’est que le rythme des pertes pour les Afghans cette année est plus élevé », a ainsi affirmé le général Charles Cleveland, le porte-parole de Resolute Support. « Nous sommes inquiets de ces pertes importantes chez les Afghans et nous travaillons avec eux autant que nous le pouvons pour essayer de réduire ces pertes », a-t-il ajouté, sans toutefois donner de chiffres.

Mais l’Otan estime que les pertes subies par les forces afghanes sont environ 20% plus élevées cette année par rapport à la même période l’an passé.

Pour autant, évoquant la situation dans la province du Helmand, et en particulier dans le district de Lashkar Gah, le général Cleveland veut voir des signes positifs. « Beaucoup de militaires auraient été découragés » à cause des pertes importantes subies au cours des combats mais là ils [les soldats afghans, ndlr] ont été capables de continuer, de se regrouper et de passer à l’offensive ».

« Nous estimons toujours que les forces de sécurité afghanes se débrouillent mieux cette année que l’an dernier », a estimé le général Cleveland. « Nous croyons toujours qu’ils sont de manière générale sur une trajectoire positive », a-t-il ajouté. La méthode Coué appliquée aux affaires militaires en somme….

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