Le régime syrien et Daesh accusés d’être à l’origine d’attaques chimiques

L’an passé, et alors que de nouvelles attaques chimiques avaient été signalées en Syrie, le Conseil de sécurité des Nations unies vota à l’unanimité une résolution pour mettre en place un « mécanisme d’enquête » avec un groupe de 24 enquêteurs, appelé Joint Investigative Mechanism (JIM) et composé d’experts de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).

L’objectif était alors de pouvoir « identifier dans toute la mesure du possible les individus, entités, groupes et gouvernements » responsables de ces attaques chimiques.

Un an plus tard, le JIM a donc rendu sa copie. Ainsi, dans un rapport de 95 pages, les experts ont pu déterminer les responsabilités dans 3 attaques chimiques sur les 9 qu’ils ont étudiées.

Sans surprise, celle commise avec du gaz moutarde (ypérite), le 21 août 2015 à Marea, dans la province d’Alep, a été attribuée à l’État islamique (EI ou Daesh).

« À Marea, le 21 août 2015, il y a assez d’informations disponibles pour conclure que le groupe État islamique était la seule entité capable d’utiliser du gaz moutarde et motivée pour le faire », ont en effet affirmé les experts du JIM.

En outre, les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que, le 21 avril, à Talmenes, un hélicoptère des forces syriennes a « largué un engin qui a répandu une substance toxique, probablement du gaz de chlore contenu dans un baril explosif ». Le même mode opératoire a été utilisé le 16 mars 2015 à Sarmine. Si la Syrie a remis son arsenal chimique afin qu’il soit détruit sous l’égide l’OIAC, le chlore n’est pas répertorié comme arme chimique en raison de l’usage industriel que l’on peut en faire.

Pour les attaques chimiques signalées à Binnish (21 août 2015), à Qmenas (16 mars 2015), à Al-Tamanah (29 et 30 avril et 25 et 26 mai 2014) et à Kafr Zita (11 et 18 avril 2014), le JIM a indiqué qu’il ne disposait pas suffisamment d’informations pour identifier avec certitude leurs auteurs.

Reste à voir ce que fera le Conseil de sécurité de ce rapport… Si ces membres avaient été unanimes pour mettre en place le JIM, il n’est pas certain qu’il y ait cette même unanimité pour décider des sanctions contre les responsables, désormais identifiés, de ces attaques chimiques. Si sanctionner l’EI ne posera pas de problème, il en ira autrement quand il s’agira d’en faire de même avec le régime syrien….

La France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont déjà fait savoir qu’ils exigeront des sanctions contre les instigateurs de ces attaques chimiques. « Le Conseil devra prendre ses responsabilités », a en effet estimé Alexis Lamek, l’ambassadeur adjoint français auprès de l’ONU. Son homologue britannique, Peter Wilson, est allé dans le même sens.

« Il est maintenant impossible de nier que le régime syrien a fait usage de manière répétée de gaz de chlore comme une arme contre son propre peuple », a fait valoir Ned Price le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, à la Maison Blanche. « Nous allons travailler avec nos partenaires internationaux pour qu’il rende des comptes, notamment devant le Conseil de sécurité des Nations unies », a-t-il ajouté.

Seulement, la Russie, qui dispose un droit de veto en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, pourrait bloquer toute résolution sanctionnant le régime de Bachar el-Assad, qu’elle soutient militairement depuis le 30 septembre 2015. Jusqu’à présent, Moscou a toujours affirmé qu’il n’y avait pas de preuves pour accuser Damas d’être à l’origine d’attaques chimiques. Une position qui lui sera désormais difficile à maintenir.

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