Un missile balistique mer-sol nord-coréen est tombé dans la zone d’identification aérienne japonaise

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Début août, un missile balistique nord-coréen de type Rodong s’était abîmé à 250 km des côtes japonaises. Comme il fallait s’y attendre, ce tir suscita une vive réaction des autorités japonaises et le Conseil de sécurité des Nations unies fut saisi de l’affaire par Washington afin d’adopter une déclaration condamnant une nouvelle fois Pyongyang.

Seulement, aucun accord ne fut trouvé à l’ONU, la Chine ayant voulu empêcher, dans le projet de déclaration une référence, tout déploiement d’un bouclier antimissile en Asie du Nord-Est en « prenant pour excuse de réagir aux menaces des programmes nucléaires et de missiles de la Corée du Nord. » Et cela alors que, justement, la Corée du Sud venait de trouver un accord avec les États-Unis pour l’installation d’une batterie antimissile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) sur son territoire.

Le 23 août, le Japon est revenu à la charge en lançant, à l’ONU, en appelant fermement la Corée du Nord à s’abstenir de toute nouvelle provocation. « Ces violations flagrantes des résolutions de l’ONU constituent des défis évidents pour les efforts internationaux de lutte contre la prolifération et ne peuvent être justifiées d’aucune manière », a ainsi fait valoir Kiyoshi Odawara, le vice-ministre japonais des affaires étrangères, au sujet du tir de missile ayant eu lieu 20 jours plus tôt.

Peu avant, la Corée du Nord avait une nouvelle fois menacé Séoul d’une « frappe nucléaire » après le début de l’important exercice militaire « Ulchi Freedom », lequel mobilise 75.000 militaires, dont 50.000 sud-coréens et 25.000 américains.

Mais l’appel du vice-ministre japonais n’a pas été entendu à Pyongyang. En effet, ce 24 août, et selon le Comité des chefs d’état-major interarmées (JCS) sud-coréen, la Corée du Nord a procédé, pour la troisième fois depuis le début de cette année, à un nouveau tir d’un missile mer-sol balistique (MSBS) au large de sa côte Est.

« La Corée du Nord a effectué vers 5h30 ce matin un tir d’essai de MSBS depuis ses eaux au large de Sinpo, dans la province du Hamgyong du Sud, vers la mer de l’Est », a en effet déclaré le JCS, selon l’agence Yonhap.

Le missile de type KN-11 a parcouru une distance d’environ 500 km en direction du nord-est, avant de retomber à 80 km à l’intérieur de la zone d’idenfication de défense aérienne japonaise. Pour Shinzo Abe, le Premier ministre nippon, ce tir est « sérieuse menace pour la sécurité du Japon, un acte irresponsable qui ne peut être toléré ».

Le fait est… Car ce dernier tir marque de nets progrès par rapport aux précédents. Celui du 23 avril s’était soldé par un échec, le missile KN-11 n’ayant parcouru que 30 km. Lors du second lancement, efectué le 9 juillet, l’engin avait explosé à 10 km d’altitude.

« Le MSBS qui a volé environ 500 km peut être perçu comme un succès », a commenté Moon Keun-sik, un expert du Forum coréen sur la défense et la sécurité interrogé par Yonhap. « Le Nord pourrait chercher à développer un grand sous-marin capable de s’équiper de 12 MSBS », a-t-il ajouté.

Cela étant, ces progrès nord-coréens suscitent des questions. Pour le moment, il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que la Corée du Nord a effectivement la capacité de tirer un missile balistique depuis un sous-marin (il s’agit probablement d’une barge immergée). Peu de pays disposent de cette capacité. Seuls les États-Unis, la Russie, la France, la Chine, et plus récemment, l’Inde, ont ce savoir-faire. Il faut en effet trouver une solution pour rééquilibrer un sous-marin après le départ d’un missile qui pèse plusieurs tonnes. Et une fois que ce dernier a quitté son silo, sa phase d’allumage vient alors qu’il est encore sous l’eau. Bref, l’affaire n’est pas simple et il ne serait guère étonnant que Pyongyang ait bénéficié de transferts technologiques en la matière.

Quoi qu’il en soit, ce nouveau tir nord-coréen a été effectué alors que les ministres des Affaires étrangères chinois, sud-coréen et japonais se trouvent à Tokyo pour évoquer leurs différends territoriaux.

« Nous avons discuté des derniers développements sur la péninsule coréenne. La Chine est opposée au développement nucléaire nord-coréen et à toute action qui pourrait provoquer des tensions », affirmé Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise. « La Chine est opposée à toute action qui violerait la résolution 2270 du Conseil de sécurité de l’ONU », a-t-il assuré, en référence au texte adopté en mars dernier pour accentuer les sanctions internationales prises à l’égard de la Corée du Nord, après son 4e essai nucléaire et le lancement d’une fusée.

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