DCNS victime d’une fuite massive de documents concernant son sous-marin Scorpène

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L’affaire est pour le moins troublante. Ainsi, le quotidien The Australian a révélé que le constructeur naval français DCNS, qui a remporté l’appel d’offres de la marine australienne pour la livraison de 12 sous-marins à propulsion classique Shortfin Barracuda, a été victime d’une fuite massive de documents concernant les 6 submersibles de type Scorpène destinés à l’Inde.

Selon le journal, qui publie quelques uns de ces documents estampillés « Restricted Scorpene India », ce sont pas moins de 22.400 pages d’informations classifiées sur les futurs sous-marins indiens.

Les renseignements mis ainsi dans la nature portent sur les capteurs de ces navires (sous-marins et aériens) ainsi que sur leurs systèmes de combat, de navigation, de lancement de torpilles et de communication. Données importantes : le niveau de bruit émis par les Scorpène indiens à différentes vitesses a ainsi été révélé, de même que les données magnétiques, électromagnétiques et infrarouge de ces derniers.

Évidemment, une telle fuite de documents confidentiels a de quoi inquiéter en Australie. Toutefois, le gouvernement australien se veut rassurant.

« Le sous-marin que nous construisons ou que nous allons construire avec les Français s’appelle le Barracuda, et est totalement différent du Scorpène conçu pour la marine indienne », a ainsi fait valoir Malcom Turnbull, le Premier ministre australien. « Nous avons les dispositifs de protection de nos informations de Défense les plus élevés, que ce soit dans le cadre d’échanges avec d’autres pays ou en Australie », a-t-il ajouté.

Même chose pour Christopher Pyne, le ministre de l’Industrie de Défense. « La fuite n’a aucun lien avec le prochain programme de sous-marins du gouvernement australien », a-t-il fait valoir, via un communiqué. « Ce programme se déroule dans un cadre très strict qui régit la façon dont toutes les informations et données techniques sont gérées et seront gérées à l’avenir », a-t-il précisé.

Reste que cette affaire fait mauvais genre, d’autant plus qu’il a été rapporté, en février, que des responsables de l’US Navy craignaient de voir « fuiter » des secrets militaires américains si DCNS remportait l’appel d’offres portant sur les sous-marins australiens dans la mesure où le système de combat de ces derniers devait être fourni par les États-Unis.

Pour le moment, l’origine de cette fuite est inconnue. Le ministre indien de la Défense, Manohar Parrikar, a indiqué à la presse qu’il venait de demander « au commandant de la marine d’enquêter et de découvrir ce qui avait fuité et l’étendue de ce qui nous concerne. » Mais, selon lui, il pourrait s’agir d’un « piratage informatique ».

Une autre piste, évoquée par The Australian, concerne un ex-officier de la Marine nationale qui aurait emporté ces documents confidentiels hors de France en 2011 alors qu’il travaillait à l’époque pour un sous-traitant de DCNS. Les données sur les Scorpène indiens « pourraient avoir transité par des sociétés du sud-est asiatique avant d’être finalement envoyés à une entreprise en Australie », ajoute le journal.

De son côté, DCNS a indiqué à l’AFP que les « autorités nationales (françaises) de sécurité enquêtent » sur cette fuite, sans donner plus de détails. Les investigations doivent déterminer « la nature exacte des documents qui ont fait l’objet de ces fuites, les préjudices éventuels pour nos clients ainsi que les responsabilités ».

En outre, le constructeur français a tenu à rassurer les Australiens. « La diffusion non contrôlée de données techniques n’est pas possible avec le projet australien », a-t-il affirmé. Et d’expliquer :  » Des contrôles multiples et indépendants existent au sein de DCNS pour empêcher tout accès non autorisé aux données. Tout mouvement de données est chiffré et enregistré. Dans le cas de l’Inde, où un plan DCNS est utilisé par une compagnie locale, DCNS est le fournisseur et non le contrôleur des données techniques. »

Pour rappel, le sous-marin Scorpène a été choisi par l’Inde, la Malaisie, le Chili et le Brésil.

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