Otan : La Roumanie dément avoir reçu des bombes nucléaires américaines en provenance de Turquie

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Depuis le coup d’État manqué en Turquie et la purge de l’administration turque qui a suivi, des craintes ont été exprimées outre-Atlantique au sujet des bombes nucléaires tactiques B-61 stockées par l’armée américaine sur la base aérienne d’Incirlik pour le compte de l’Otan.

La question de cet arsenal nucléaire en Turquie aurait pu être posée plus tôt, étant donné la proximité d’Incirlik avec la frontière syrienne, où sévit plusieurs groupes jihadistes, dont l’État islamique (EI ou Daesh) et le Front Fatah al-Sham (ex-Front al-Nosra). Cependant, les installations de cette base sont évidemment hautement sécurisées et, par conséquent, qu’une de ces bombes B-61 puisse être volée par un groupe terroriste paraît peu probable.

Quoi qu’il en soit, un centre de réflexion indépendant, le Stimson Center, s’en est inquiété dans un rapport plaidant pour le retrait des 180 bombes B-61 stockées en Europe et en Turquie.

« D’un point de vue sécuritaire, stocker approximativement cinquante armes nucléaires américaines sur la base aérienne d’Incirlik revient à jouer à la roulette russe », avait expliqué, au début de cette semaine, Laicie Heeley, co-auteure de ce rapport. « Il y a des garde-fous importants (…) mais ce ne sont que des dispositifs de protection, cela n’élimine pas le risque. Dans le cas d’un coup d’État, on ne peut pas dire avec certitude que nous aurions été capable de garder le contrôle », avait-elle ajouté.

On en était là quand le site indépendant Euractiv a assuré que les États-Unis avaient en fait commencé à déplacer leurs bombes nucléaires de Turquie vers la Roumanie, précisément sur la base de Deveselu, là même où un système antimissile « Aegis Ashore » a récemment été inauguré.

Une des deux sources anonymes sollicitées par Euractiv a expliqué que « les relations entre la Turquie et les États-Unis s’étaient tellement détériorées après le 15 juillet que Washington ne faisait plus assez confiance à Ankara pour laisser ces bombes sur le territoire national. » En outre, Ankara et Moscou ont opéré un spectaculaire rapprochement, début août, au point d’évoquer des opérations militaires conjointes en Syrie pour lutter contre l’EI…

Cela étant, la Roumanie a fermement dementi les informations d’Euractiv. Et Traian Basescu, l’ancien président de ce pays, a fait valoir qu’on « ne déplaçait pas des ogives nucléaires comme des sacs de pommes de terre ». Et d’expliquer qu’une « telle démarche implique un processus de négociation entre le propriétaire des armes nucléaires et le pays hôte, ce qui peut prendre des années ».

En outre, Ovidiu Raeţchi, un député siégeant au comité de la Défense de la chambre basse du Parlement roumain, a fait valoir que l’affirmation d’Euractiv était « susceptible d’affecter la sécurité nationale car elle est susceptible de faire l’objet de spéculations de la part d’acteurs externes qui pourraient s’en servir pour leurs intérêts au détriment de notre pays ».

D’un point de vue diplomatique, choisir la Roumanie pour stocker des armes nucléaires, c’est à dire au plus près de la Russie, ne paraît pas très pertinent. Aussi, la revue Foreign Policy, qui a déjà planché sur ce sujet, penche plutôt pour un transfert des B-61 de la Turquie vers la base d’Aviano, en Italie, ou celle de Lakenheath, au Royaume-Uni (voire même celle de Ramstein, en Allemagne). En outre, il faudrait encore que la base de Deveselu soit dotée d’installations sécurisées pour les accueillir (Weapons Storage and Security System, ou WS3), ce qui, aux dernières nouvelles, n’est pas le cas.

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