La Moldavie proteste contre un exercice militaire russe en Transnistrie

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La semaine passée, la Russie a affirmé avoir déjoué un complot terroriste en Crimée – territoire qu’elle a annexé en 2014 – de grande ampleur et accusé les services ukrainiens d’en être à l’origine, ce que Kiev a réfuté vigoureusement.

Ainsi, une opération anti-terroriste menée dans la nuit du 6 au 7 août aurait ainsi permis de démanteler une cellule terroriste près de la ville d’Armiansk, d’intercepter deux autres groupes « appuyés par des tirs de l’armée ukrainienne », et de saisir 20 engins explosifs artisanaux. Sur l’ensemble des individus interpellés, l’identité d’un seul a été dévoilée : celle d’Evgueni Panov, un chauffeur routier ayant un passé militaire. Seulement, ses proches ont assuré qu’il avait été enlevé dans la région de Zaporijia (centre de l’Ukraine) quelques jours plus tôt.

Quoi qu’il en soit, si elle garde encore des zones d’ombre, cette affaire a donné lieu à de nouvelles tensions entre Moscou et Kiev, avec des mouvements de troupes russes en Crimée, dont certains étaient annoncés depuis longtemps – comme le déploiement de batteries de défense aérienne S-400 – et attendus dans la mesure où l’important exercice « Kavkaz-2016 » doit commencer prochainement.

Dans le même temps, les combats dans la région séparatiste du Donbass (sud-est de l’Ukraine) ont depuis gagné en intensité. Et les responsables occidentaux ont beau rappeler les accords de Minsk 2, rien n’y fait : les armes lourdes, qui auraient dû être retirées de la ligne de front depuis février 2015, sont régulièrement observées par la mission de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

Tout cela a fait dire au président ukrainien, Petro Porochenko, que la « possibilité d’une escalade du conflit reste très grande ». Et d’ajouter : « Nous n’excluons pas une invasion russe à grande échelle. Nous sommes prêts. »

Qui plus est, les forces russes ont commencé de nouvelles manoeuvres en Crimée, avec 2.500 soldats et environ 350 véhicules blindés.

« Ces exercices ont un caractère principalement logistique en coopération avec les chemins de fer et la marine marchande pour le déplacement de troupes, de blindés et d’équipements techniques en Crimée », a expliqué le ministère russe de la Défense. Une partie de la flotte de la mer Noire est également mobilisée, avec au moins un navire de débarquement, un sous-marin et des démineurs.

Mais il n’y a pas qu’en Crimée où l’armée russe effectue des manoeuvres. C’est en effet aussi le cas en Transnistrie, un territoire appartenant théoriquement à la Moldavie mais qui bénéficie d’une large autonomie (consécutive à une intervention militaire russe en 1992). Depuis, la « République moldave du Dniestr » accueille une garnison russe sur son territoire et compte une population majoritairement russophone.

À Chisinau, on craint de voir la Transnistrie subir le même sort que la Crimée (voir l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud). Aussi, avec le risque d’escalade dans l’est de l’Ukraine et les mouvements de troupes russes, les manoeuvres qui y ont été menées il y a quelques jours avec des paramilitaires locaux ont suscité une protestation officielle des autorités moldaves. Et cela d’autant plus qu’il s’agissait du second exercice militaires effectué en moins d’un mois dans cette région.

Ainsi, dans un communiqué, le ministère moldave des Affaires étrangères que cet exerice était « illégal, provocateur et inadmissible » et qu’il visait à « saper la souveraineté et l’intégrité territoriale » de la Moldavie. Enfin, Chisinau a une nouvelle fois demandé le retrait total des forces russes de Transnistrie, conformément à l’engagement pris par Moscou lors du sommet de l’OSCE d’Istanbul, en 1999.

En mars 2014, après l’annexion de la Crimée, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), qui était à l’époque le général américain Philip Breedlove, avait mis en garde contre un possible coup de force russe en Moldavie. « Il y a absolument suffisamment de troupes (russes) positionnées à l’Est de l’Ukraine pour qu’elles se précipitent en Transnistrie si une telle décision de le faire devait être prise à Moscou », avait-il affirmé.

Quelques mois plus tard, alors que Chisinau souhaite un accord d’association avec l’Union européenne, Moscou avait lancé un avertissement. « Je veux dire à tous qui ne pensent pas comme nous: il ne faut pas mettre son nez en Transnistrie (…), il ne faut pas faire augmenter les tensions, parce qu’il y a des citoyens russes qui habitent là-bas », avait prévenu Dmitri Rogozine, le vice-Premier ministre russe.

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