Rome refuse de confirmer la présence des forces spéciales italiennes en Libye

L’on sait que plusieurs pays occidentaux ont déployé des forces spéciales en Libye dans le cadre de la lutte contre la branche libyenne de l’État islamique (EI). C’est ainsi le cas de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis. D’ailleurs, le Washington Post a rapporté que les commandos américains sont directement impliqués dans les combats contre l’EI à Syrte.

Les États-Unis ont en effet lancé, à la demande du gouvernement libyen d’union nationale (GNA), l’opération Odyssey Lightning afin d’aider ce dernier à reprendre la ville aux jihadistes.

« Un petit nombre de forces américaines sont entrées et sorties de Libye pour échanger des informations avec les forces locales, et elles vont continuer à le faire au moment où nous renforçons la lutte contre l’EI et les autres organisations terroristes », a seulement consenti à dire le Pentagone sur ce sujet.

Officiellement, cet appui de Washington au GNA se traduit par des frappes aériennes, réalisées par des AV-8 Harrier embarqués à bord de l’USS Wasp ainsi que par des drones. Et l’Italie a fait savoir qu’elle autoriserait les forces américaines à utiliser ses bases pour leurs raids en Libye.

Mais, a priori, Rome jouerait un rôle militaire plus important car, d’après le quotidien La Republicca, au moins 50 commandos des forces spéciales italiennes seraient actuellement présents en Libye pour y superviser des missions de déminage et y entraîner les forces loyales au GNA. Le conditionnel est de mise car le gouvernement de Matteo Renzi a refusé de confirmer cette information.

« Nous n’avons pas de mission militaire en Libye. Si nous en avions, le parlement en aurait été informé », a toutefois fait valoir Paolo Gentiloni, le ministre italien des Affaires étrangères, auprès du Corriere della Sera. Interrogé sur une éventuelle opération spéciale ou clandestine en Libye, il a botté en touche. « Par définition, je ne commente pas les opérations classées secret défense », a-t-il répondu.

Seulement, un texte adopté l’an passé (article 7 bis) autorise le chef du gouvernement italien à envoyer des forces spéciales dans des zones de combat sans être obligé d’obtenir une autorisation du Parlement. Seul le comité parlementaire supervisant les services de renseignement doit en être informé, ce qui, selon les médias transalpins, a été fait la semaine dernière.

Cela étant, il serait étonnant que l’Italie ne soit pas présente militairement sur le sol libyen pour lutter contre l’EI. En février 2015, le pays s’était dit disponible pour prendre, le cas échéant, la tête d’une coalition anti-jihadiste en Libye.

Alors que les jihadistes ne sont qu’à 350 km de Lampedusa, certains élus italiens critiquent cet envoi de forces spéciales en Libye. « Ce texte évoque clairement l’envoi d’hommes en renfort pour les opérations de renseignement, ce qui n’a rien à voir avec ce que font actuellement les forces spéciales en Libye », ont fait valoir des élus du Mouvement Cinq Étoiles, au sujet de cet article 7bis. « Dans un premier temps avec la concession sur nos bases et maintenant avec nos propres hommes sur le sol, le gouvernement nous embarque dans un théâtre de guerre sans le consentement du parlement », ont-ils ajouté.

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