Les forces afghanes de nouveau en grande difficulté dans la province du Helmand

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Fin décembre 2015, Mohammad Jan Rasoolyar, le vice-gouverneur de la province méridionale du Helmand, avait interpellé le président afghan, Ashraf Ghani, sur la situation « catastrophique » de sa région, alors menacée par l’avancée des combattants du mouvement taleb.

En effet, à l’époque, les taliban étaient en passe de prendre le contrôle de plusieurs districts, dont ceux de Nawzad, Musa Qala, Baghran et Dishu. Ceux de Sangin, Kajaki, Nad Ali et Khanashin étaient encore contestés aux forces de sécurité afghanes. Pire : en octobre, ils réussirent même à occuper brièvement un quartier de la Lashkar Gah, la capitale provinciale.

Cela étant, malgré l’appui des forces spéciales américaines et d’une poignée de militaires britanniques de la mission Resolute Support de l’Otan, l’armée afghane évacua les districts où elle était en difficulté afin de mieux concentrer ses moyens pour assurer la défense de ceux qu’elle estimait « stratégique ». L’un des objectifs était alors de bloquer les abords de Lashkar Gah.

Seulement, depuis une dizaine de jours, les forces afghanes se trouvent en grande difficulté face aux talibans, qui ont lancé une importante offensive pour s’emparer de cette province du Helmand, connue pour être un haut-lieu de la production de pavot.

En outre, depuis quelques mois, les taliban, par ailleurs mieux équipés que par le passé, mettent en oeuvre de nouvelles tactiques de combat qui reposent sur une unité de 300 à 400 commandos appelée « Sara Khitta » (Groupe Rouge en pachto).

Ce « Groupe Rouge », commandé par un certain Haji Nasar, attaque de préférence pendant la nuit, grâce à des jumelles de vision nocturne obtenue on ne sait comment et dont sont équipés ses tireurs d’élite. Et, apparemment, il a infligé de lourdes pertes aux forces afghanes.

« Voilà pourquoi ils attaquent la nuit, et voilà pourquoi ils peuvent voir nos hommes, mais nos hommes ne peuvent pas les voir », a commenté Abdul Majeed Akhonzada, un responsable provincial.

Le 9 août, la situation dans le Helmand paraissait désespérée. Elle est « vraiment sérieuse et des combats sont en cours dans plusieurs districts », a admis le général Mohammad Habib Hesari, qui commande les opérations dans la région. « Les taliban sont aux portes de Lashkar Gah », s’est inquiété Karim Attal, le président de l’exécutif provincial.

« Les taliban contrôlent toutes les routes menant à Lashkar Gah. Les barrages de la police tombent les uns après les autres et tout le monde redoute que la capitale ne tombe à son tour entre les mains des taliban », a témoigné, auprès de l’AFP, un habitant de la capitale provinciale.

Pour tenter de rétablir la situation, l’état-major afghan mise sur les frappes aériennes de l’aviation américaine (dont les règles d’engagement ont été récemment assouplies) ainsi que sur l’envoi de renforts, en particulier de forces spéciales.

Selon le ministère de la Défense afghan, l’avancée des taliban aurait ainsi été arrêtée. « Nous avons sécurisé les abords de Lashkar Gah et le district de Nawa est également sous contrôle », a annoncé Dawlat Waziri, un porte-parole, ce 11 août. « Nous poursuivons les opérations pour nettoyer le district des dernières poches de présence ennemie », a-t-il ajouté.

« Ces opérations (des forces spéciales) ont donné de bons résultats et permis de repousser les combats hors du centre » de Nawa, a aussi indiqué Seddiq Seddiqi, le porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur.

Un conseiller du gouverneur de la province, Tooryalai Hemat, a confirmé ces informations. Selon lui, les forces afghanes auraient effectivement « repris le contrôle du siège et des bureaux du gouverneur, des services de renseignement et du bazar »… Ce qui laisse supposer qu’ils étaient donc sous le contrôle taleb.

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