Les opérations de la coalition anti-État islamique entrent dans leur troisième année

f18-20140912

Le 7 août, dans la province de Deir ez-Zor, près de la frontière irakienne, la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) dirigée par les États-Unis, a détruit 83 camions-citernes servant à transporter du pétrole pour le compte de l’organisation jihadites.

Ces frappes, effectuées dans le cadre de l’opération Tidal Wave II, qui vise à s’attaquer à la contrebande de pétrole et à empêcher l’EI de se financer, font partie des 14.301 qui ont été réalisées depuis la campagne aérienne lancée par l’aviation américaine au début du mois d’août 2014 afin de freiner l’avancée des jihadistes en direction de Sinjar et du Kurdistan irakien. À l’époque, il s’agissait aussi de porter assistance aux chrétiens et aux Yazidis, pourchassés par Daesh.

Parmi ces 14.301 frappes aériennes de la coalition, 9.514 ont été effectuées en Irak et 4.787 en Syrie. Quant à l’aviation française (avions de l’armée de l’Air ainsi que ceux de l’aéronautique navale), elle a frappé Daesh à 389 reprises et détruit 651 objectifs depuis le début de cette année.

Pour rappel, seulement 13 pays participent – ou ont participé à des degrés divers – à des missions de bombardement (États-Unis, France, Australie, Bahreïn, Belgique, Royaume-Uni, Canada, Danemark, Jordanie, Pays-Bas, Arabie Saoudite, Turquie et Émirats arabes unis).

Les effets de ces frappes sur les effectifs de l’EI sont difficilement mesurables pour la bonne raison que l’on n’a jamais pu les évaluer avec certitude. Cela étant, estimés entre 20.000 et 31.500 par les services américains en 2014, il serait désormais entre 19.000 et 25.000.

Dans le même temps, la coalition a perdu 5 militaires (3 Américains, 1 Canadien et 1 pilote jordanien, capturé et brûlé vif par les jihadistes), sur les 6.500 environ qui sont engagés dans les opérations contre Daesh. Parmi eux, l’on compte principalement des instructeurs déployés auprès des forces de sécurité irakienne (FSI) à des fins de formation et d’entraînement. Des forces spéciales (américaines, britanniques et françaises) sont aussi sur le terrain, au Kurdistan irakien et en Syrie, afin d’appuyer les milices kurdes.

Quant au bilan financier, il s’élève à 11,9 millions de dollars par jour pour le Pentagone (8 milliards de dollars au total). Pour la France, le surcoût « opex » a été évalué à 222.35 millions d’euros en 2015. On trouve ce chiffre dans un récent rapport du Sénat sur les opérations extérieures.

Depuis le début des opérations de la coalition, l’EI a perdu à peu près la moitié du territoire qu’il contrôlait dans le nord de l’Irak. Grâce à l’appui aérien fourni aux combattants kurdes irakiens (peshmergas) et aux FSI (et aussi à l’apport – controversé – des milices chiites soutenues par l’Iran), les jihadistes ont été chassés de Sinjar, de Tikrit, de Ramadi et de Falloujah. L’objectif affiché et de leur reprendre la ville de Mossoul.

En Syrie, la situation est plus compliquée. Toutefois, l’EI a perdu 20% du territoire qu’il y contrôlait. L’appui aérien de la coalition a permis de lui infliger un important revers à Kobané, ville vaillamment défendue par les milices kurdes syriennes (YPG).

Ces dernières, qui ont depuis formé les « Forces démocratiques syriennes » (FDS) avec des groupes arabes armés, ont depuis repris Tal Abyad et, très récemment, Manbij. Ce mouvement a permis de couper l’accès des jihadistes à la frontière turque et d’isoler un peu plus leur bastion de Raqqa, dont la prise est, avec celle de Mossoul, l’un des deux objectifs majeurs de la coalition.

Pour autant, même si le cours des événements semble aller vers une défaite de l’EI en Irak et en Syrie (mais on n’en est pas encore là), le combat ne sera pas terminé pour autant. L’organisation a maintenant des ramifications en Asie-Pacifique, en Afghanistan et au Pakistan (où elle vient de revendiquer un attentat qui a fait 70 tués, le 8 août, à Quetta), dans le Sinaï et en Libye, où, d’ailleurs, plusieurs membres de la coalition mènent contre elle des des opérations officielles, spéciales et/ou clandestines.

Pour Charles Lister, analyste au Middle East Institute, l’EI est une « organisation qui a réalisé une transformation très réussie vers une organisation terroriste traditionnelle qui n’a alors de cesse de reconstruire ses capacités ». Car, en plus de ses ramifications ailleurs dans le monde, Daesh a aussi revendiqué des attentats en France (Paris, Nice, Saint-Étienne du Rouvray), aux États-Unis, en Allemagne et en Belgique.

« On mène un combat perdu d’avance si on s’attend à détruire (l’EI) entièrement », a fait valoir M. Lister auprès de l’AFP. « Je pense que des décennies d’efforts nous attendent », a-t-il estimé.

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