Désaccord au sujet de la future doctrine nucléaire américaine

b2-20160805

En 2010, les États-Unis adoptèrent une nouvelle doctrine nucléaire stratégique – la « Nuclear Posture Review » (NPR) [.pdf] – afin de préciser les conditions d’emploi de leurs armes nucléaires.

Pendant la Guerre Froide, Washington n’excluait pas d’utiliser ses armes nucléaires en réponse à une attaque conventionnelle massive lancée en Europe par l’Union soviétique et ses alliés du Pacte de Varsovie.

Or, la doctrine nucléaire de 2010, publiée un an après le discours prononcé à Prague par le président Obama, qui fit alors part de sa volonté de promouvoir un monde sans armes nucléaires, précise que les États-Unis n’auront pas recours à leurs forces stratégiques contre un pays ne disposant pas d’arsenal nucléaire et respectueux du Traité de non-prolifération (TNP), même en cas d’attaque biologique ou chimique contre eux ou leurs alliés. Cependant, ils se réservent le droit de revenir sur leurs engagements en cas d’attaque « bactériologique dévastatrice. »

En outre, le document fixe l’objectif de réduire le rôle des forces stratégiques tout en renforçant les capacités militaires conventionnelles et la défense antimissile. Pour résumer, Washington ne solliciterait son arsenal nuclaire qu’en cas de « circonstances extrêmes » pour défendre ses intérêts vitaux ainsi que ses alliés… Et uniquement contre un adversaire doté des mêmes armes. Mais, la NPR se garde de préciser si les États-Unis frapperaient ou non en premier.

Selon le Washington Post, avant de quitter la Maison Blanche, le président Obama, qui a obtenu un traité de désarmement avec le Russie (New START)  ainsi qu’un accord sur le programme nucléaire iranien, aurait l’intention d’engager une refonte globale de la doctrine stratégique américaine afin de préciser que les États-Unis n’utiliseraient jamais en premier leurs armes nucléaires.

Qui plus est, il serait aussi question de réduire le budget prévu pour la modernisation de l’arsenal stratégique américain et d’abandonner le développement de nouveaux vecteurs, comme le Long-Range Standoff, un missile de croisière pouvant être doté d’une charge conventionnelle ou nucléaire destiné à remplacer l’Air-Launched Cruise Missile (ALCM).

Lors d’une intervention devant le centre de réflexion New America, la secrétaire à l’US Air Force, Deborah Lee James, a fait part de ses réserves à l’égard de ces mesures éventuelles, et en particulier sur celle portant sur la frappe nucléaire en premier. « Une telle politique me préoccuperait », a-t-elle dit.

« Avoir un certain degré d’ambiguïté n’est pas nécessairement mauvais. Il faut bien sûr communiquer certaines choses aux alliés et aux adversaires potentiels à traver le monde, mais il ne faut pas tout le temps dévoiler toutes ses cartes », a fait valoir Deborah Lee James.

Avec ses bombardiers stratégiques et ses missiles balistiques Minuteman III, l’US Air Force met en oeuvre deux composantes de la triade nucléaire américaine. Les États-Unis disposent également de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Ohio.

À l’image d’autres pays dotés de l’arme nucléaire, les États-Unis ont lancé plusieurs programmes pour moderniser leurs différents vecteurs, comme avec le bombardier B-21 ou encore le SSBN-X, qui remplacera les SNLE de classe Ohio.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]