La Russie accuse des rebelles syriens d’avoir utilisé des munitions chargées d’agents toxiques à Alep

Le 31 juillet, des groupes armés syriens, dont les salafistes d’Ahrar al-Cham et les jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra), ont lancé une contre-attaque au sud de la ville d’Alep pour tenter de briser le siège imposé par les forces loyalistes à Bachar el-Assad, appuyées par le Hezbollah libanais, d’autres milices chiites, comme le Liwa al-Bakir, et l’aviation russe. L’enjeu pour les rebelles est de pouvoir disposer à nouveau d’une ligne de ravitaillement.

Seulement, au bout de quelques jours, les factions rebelles ont dû à nouveau céder du terrain face aux troupes gouvernementales, lesquelles ont pris le contrôle de deux collines et de deux villages au sud-ouest d’Alep. Et cela grâce aux raids massifs de l’aviation russe.

Or, d’après le ministre russe de la Défense, un groupe rebelle, le Harakat Nour al-Din al-Zenki, allié d’Ahrar al-Cham au sein de la coalition Jaysh Halab, aurait utilisé des munitions chargées d' »agents toxiques » sur un quartier d’Alep tenu par les forces du régime syrien.

« À la suite de cette attaque terroriste, 7 personnes sont mortes et 23 ont été évacuées vers les hôpitaux d’Alep avec des difficultés respiratoires et des brûlures des voies respiratoires », a indiqué lieutenant général Sergueï Tchvarkov, le chef du Centre russe pour « la réconciliation des parties en conflit en Syrie », sans, toutefois, préciser la substance utilisée.

Par ailleurs, cette accusation russe vient après que l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un large réseau d’informateurs en Syrie, a fait état de 24 cas de suffocation après le largage de barils d’explosifs par des hélicoptères du régime, à Saraqeb, une ville rebelle située à 50 km au sud d’Alep. Les habitants, a rapporté l’ONG, ont évoqué une attaque au chlore, ce qui ne peut pas être confirmé pour le moment. Reste que ce n’est pas la première fois que l’armée syrienne est accusée d’avoir utilisé de la chlorine via ce mode opératoire.

Quoi qu’il en soit, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a fait part de sa « préoccupation » au sujet de cette attaque du régime syrien près de Saraqeb, où un hélicoptère russe fut abattu le 1er août.

Mi-juillet, l’OIAC avait par ailleurs demandé des explications à Damas au sujet de 5 agents toxiques identifiés sur le terrain par ses enquêteurs et qui ne figuraient pas dans la liste des substances transmise en 2013 par la Syrie lors du démantèlement de son arsenal chimique.

Selon un rapport du directeur de l’OIAC, Ahmet Uzumcu, un diplomate turc, Damas n’aurait fourni des explications que pour une de ces 5 substances toxique. « La Syrie n’a pas encore expliqué de manière crédible la présence des indicateurs de quatre agents chimiques », avait-il assuré, en soulignant que les explications du régime syrien « suscitaient de nouvelles interrogations. »

Pour Kenneth Ward, le représentant des États-Unis devant l’OIAC, le rapport en question signalait « la production, la militarisation et le stockage d’agents chimiques par l’armée syrienne ». Et d’ajouter : « Nous restons donc gravement préoccupés par le fait que des agents chimiques et les munitions qui y sont associées, qui auraient dû être déclarés et détruits, ont été conservés illégalement par la Syrie. »

Outre les accusations contre les groupes rebelles et l’armée syrienne, il est aussi acquis que l’État islamique (EI ou Daesh) a aussi recours à des armes chimiques. L’organisation jihadiste a ainsi utilisé des dérivés du chlore et l’OIAC a confirmé qu’elle a la capacité de produire de l’ypérite (ou gaz moutarde).

« L’utilisation des armes chimiques par Daesh nous inquiète beaucoup. Leurs attaques chimiques sont de plus en plus fréquentes et sophistiquées », a récemment affirmé Bayan Sami Abdul Rahman, la représentante du gouvernement régional du Kurdistan à Washington.

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