Un nouveau ministre de la Défense au Japon

inada-20160803Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, fort de la victoire de sa majorité lors des dernières élections sénatoriales, a remanié son équipe, ce 3 août.

Le changement le plus notable concerne le ministère de la Défense, qui bénéficie d’une hausse constante de ses crédits depuis l’arrivée au pouvoir de M. Abe, en décembre 2012.

Ainsi, l’actuel ministre, Gen Nakatani, cédera son fauteuil à Tomomi Inada. Cette avocate âgée de 57 ans, diplômée de la section de droit de l’Université de Waseda, incarne la ligne dure du Parti libéral-démocrate, au pouvoir.

Affiliée au lobby Nippon Kaigi, ouvernement révisionniste et dont l’objectif est d’en finir avec la Constitution pacifiste de l’archipel, Tomomi Inada est une habituée du sanctuaire shintoïste Yasukuni de Tokyo, lequel est dédié aux Japonais morts au combat en servant l’empereur du Japon entre 1867 à 1951. Et parmi eux figurent 1.068 condamnés pour crimes de guerre et 14 criminels de guerre. Or, chaque visite d’un responsable nippon dans ce lieu suscite des tensions avec la Chine et la Corée.

« Nous devons sortir du régime d’après-guerre qui a rabaissé le rang du Japon en faisant que ce pays soit respecté dans le monde pour son sens unique de la morale », estime Mme Inada.

Sous l’autorité de M. Abe, le Japon a modifié sa Constitution pacifiste (en particulier l’article 9) et a validé le principe d’autodéfense collective, qui l’autorise, désormais, à envoyer des troupes à l’extérieur de ses frontières afin de défendre un pays allié.

Ces changements ont été motivés par les tensions en Asie, dues notamment par plusieurs différends territoriaux impliquant la Chine ainsi que par les activités nucléaires et balistiques de la Corée du Nord.

D’ailleurs, le dernier Livre blanc sur la défense japonais, publié le 2 août, s’est inquiété de la politique du fait accompli menée par Pékin en mer de Chine méridionale.

La choix de nommer Tomomi Inada à la tête du ministère de la Défense, s’il répond aussi à des considérations de politique intérieure, peut être perçu comme un signe de fermeté à l’égard de Pékin et de Pyongyang (voire même de Séoul, le Japon ayant un contentieux avec la Corée du Sud au sujet des îles Dokdo).

« Mme Inada est une politicienne ultra-conservatrice et sa nomination va être perçue comme un signe annonciateur d’une révision de la Constitution et d’une ligne politique dure à l’égard de la Chine », a ainsi  commenté Takashi Kawahami, un expert en questions de sécurité à l’Université Takushoku.

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