Une pépite technologique française va passer sous pavillon japonais

mems-20160802Le groupe japonais d’électronique TDK a annoncé, le 1er août, qu’il lancerait prochainement une offre publique d’achat visant l’entreprise français Tronic Microsystems. Et cela, après avoir mis la main sur Micronas, un fabricant de capteurs pour l’industrie automobile.

Cette information pourrait sembler anodine, tant les opérations financières de ce type sont fréquentes. Sauf que Tronic Microsystems est une pépite de la technologie française puisqu’elle est spécialisée dans la mise au point de systèmes microélectromécaniques (MEMS, pour Micro-Electro-Mechanical Systems) pour des applications professionnelles à hautes performances, dont des accéléromètres de haute performance, des gyromètres et des composants radio-fréquence (switchs, résonateurs, varicaps).

En clair, les produits de Tronic Microsystems sont notamment utilisés pour les systèmes de navigation inertiels destinés à l’aéronautique et à la défense, ou encore pour stabiliser les drones et gérer des signaux de radiofréquence pour les radars.

D’ailleurs, signe de l’intérêt de cette entreprise, unique en Europe et qui affronte, sur le marché internationale, les Américains Honeywell et Analog Devices, les groupes français Thales et Safran ont pris respectivement 9,5% et 5,9% de son capital au moment de son introduction sur le marché Alternext de la Bourse de Paris, en février 2015.

Mais les deux industriels français de la défense ne sont donc pas les seuls. « L’une des priorités stratégiques de TDK est de se développer dans le domaine des capteurs. Grâce à l’acquisition de Tronics, TDK serait en mesure d’élargir son portefeuille de technologies de capteurs innovants », a expliqué le groupe japonais, dans son communiqué annonçant son OPA « amicale » sur Tronic Microsystems.

Implantée à Crolles, près de Grenoble, issue du Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (LETI) du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et employant 92 personnes, Tronic Microsystems a connu des difficultés en 2015, avec une perte de 3 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 7,8 millions (-33% par rapport à l’exercice précédent), ce qui a conduit ses dirigeants à adopter une programme de réduction des coûts de 700.000 euros.

Et la tendance reste incertaine, au vu de son bilan semestriel publié en juillet. Mais l’entreprise a cependant obtenu plusieurs succès commerciaux significatifs au cours de cette période, ce qui lui donne de bonnes perspectives.

Cela étant, la cotation de Tronics avait été suspendue en juillet, après l’annonce que son Pdg recherchait un « partenaire stratégique ». Concrètement, TDK entend proposer 13,20 euros par action de l’entreprise iséroise, soit 78,4% de plus par rapport à sa dernière cotation (et une prime 62,1% par rapport à la moyenne pondérée du cours sur les 60 jours précédents).

Plusieurs actionnaires ont fait savoir qu’ils céderaient leurs titres à NHK, comme Tronics (Sercel Holding, Aster Capital, Innovation Capital, Omnes Capital, CEA Investissement. En revanche, Thales Avionics, qui détient 20,9% du capital, ne renoncera pas à sa participation et a fait savoir qu’il entend rester un « actionnaire stratégique » de Tronics.

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