Pékin et Moscou organiseront des exercices navals conjoints en mer de Chine méridionale

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Réunis le 25 juillet à Ventiane (Laos) pour leur conférence annuelle, les pays membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) n’ont fait aucune mention des revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale, lesquelles n’ont pourtant aucun fondement juridique à en croire la récente décision de la Cour permanente d’arbitrage (CPA).

Si le communiqué de l’ASEAN a en effet évoqué les « graves préoccupations » de ses membres face aux « renvendications territoriales » et à la « multiplication des activités dans la régions » et appelé « à la retenue dans les voies navigables stratégiques », il s’est gardé de désigner Pékin, qui revendique pourtant la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, aux dépens des Philippines, du Vietnam, de la Malaisie, de Brunei et de Taïwan.

Pourtant, peu avant cette réunion, le Vietnam avait estimé que les tensions en mer de Chine méridionale étaient un « test » pour l’ASEAN, dans la mesure où il s’agissait de son plus grand défi en matière de sécurité. Et plusieurs acteurs régionaux auraient visiblement souhaité obtenir une déclaration conjointe appelant Pékin à respecter la décision de la CPA.

Mais c’était sans compter sur le fait que Pékin est un allié de poids de certains membres de l’ASEAN, dont le Cambodge. D’où l’absence de référence à ses activités et à ses revendicatons en mer de Chine méridionale dans cette déclaration finale.

Même le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, qui souhaitait pourtant une position commune de l’ASEAN face aux ambitions chinoises, a dû mettre de l’eau dans son vin. « Nous sommes fiers d’être les partenaires de l’Asean parce que vous êtes en faveur d’un système international fondé sur des règles protégeant les droits de tous les pays, qu’ils soient grands ou petits », s’est-il borné dire.

Deux jours plus tard, à l’issue d’un entretien avec son homologue philippin, Perfecto Yasay, M. Kerry a abordé le sujet des contentieux territoriaux en mer de Chine méridionale. « La décision [de la CPA, nldr] en elle-même est contraignante mais nous ne cherchons pas à créer la confrontation. Nous tentons de trouver une solution en tenant compte du droit des populations établi par la loi », a-t-il dit.

« Nous espérons assister à un processus qui réduira la portée géographique des disputes maritimes, instaurera un code de conduite dans les zones contestées, conduira à des solutions mutuellement acceptables, peut-être même à une série de mesures susceptibles d’établir la confiance », a-t-il ajouté.

Pour rappel, la mer de Chine méridionale est une zone stratégique pour plusieurs raisons : elle dispose d’importantes réserves d’hydrocarbures, elle est riche en ressources halieutiques et elle est située à un carrefour de routes maritimes essentielles pour le commerce mondial. D’où les revendications de Pékin, qui cherche à s’en assurer le contrôle, notamment en y aménageant des îlots et des polders à des fins militaires.

Et les appels au dialogue et, donc, au réglement diplomatique de ces différends territoriaux, ainsi que la décision de la CPA, ne semblent pas perturber la Chine et… la Russie. En effet, les deux pays organiseront des exercices navals conjoints dans cette région contestée en septembre prochain.

Ces manoeuvres navales auront lieu « dans les eaux et l’espace aérien concernés de la mer de Chine méridionale », a précisé, ce 28 juillet, Yang Yujun, le porte-parole du ministère chinois de la Défense. Selon lui, il ne s’agit que « d’exercices de routine » qui ne visent « aucune tierce partie ». Et cette annonce vient après la menace chinoise d’instaurer une « zone d’identification de la défense aérienne » au-dessus des secteurs revendiqués par Pékin.

La Russie et la Chine sont proches dans le domaine militaire. En 2015, les deux pays avaient organisé des manoeuvres navales conjointes en Méditerranée et en mer Noire.

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