Les derniers déboires de l’A400M ont déjà coûté 1 milliard d’euros de plus à Airbus

atlas-20160624

Avec un chiffre d’affaire stable, à 28,8 milliards d’euros et un carnet de commandes toujours bien garni (et « diversifié »), tout pourrait aller bien pour Airbus, d’autant plus qu’il a bénéficié de deux opérations exceptionnelles qui lui ont rapporté près de 2 milliards d’euros, dont 868 millions obtenus grâce à son désengagement du capital de Dassault Aviation et 1,14 milliard versé par Safran dans le cadre de la création de la coentreprise Airbus Safran Launchers.

Seulement, une partie de ces apports financiers aura servi à compenser les 1,4 milliard d’euros de charges que le constructeur a dû provisionner pour prendre en compte ses déboires dans deux de ses programmes majeurs, à savoir l’A350 et… l’avion de transport militaire A400M Atlas.

« Les importantes plus-values réalisées grâce à la refonte du portefeuille ont permis d’atténuer les pertes de ces programmes, mais cela ne les rend pas pour autant acceptables! », a commenté Tom Enders, le patron d’Airbus, à l’occasion de la présentation des résultats semestriels du groupe.

En avril, Airbus avait averti qu’il s’attendait à d’autres surcoûts pour l’A400M, après l’apparition de nouveaux problèmes au niveau des boîtiers de transmission (AGB accessory gearbox) des turbopropulseurs TP-400 de l’appareil, fournis par l’entreprise italienne Avio Aero.

Si ce souci est en passe d’être réglé grâce à une solution « intermédiaire » certifiée le 10 juillet dernier par l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA), il n’empêche que le constructeur a donc dû passer une charge nette supplémentaire de 1,026 milliard d’euros, laquelle est venue s’ajouter aux 551 millions nécessaires pour remettre le programme A400M sur de bons rails en 2015.

En 2010, les surcoûts de l’A400M avaient atteint les 5,2 milliards d’euros. Ce montant avait été partiellement pris en charge par les pays clients, sous forme d’avances remboursables gagées sur les exportations futures de l’appareil (système « Export Levy Facility »).

Cette charge de 1,026 milliards d’euros tient compte de « l’évolution du programme et ses conséquences en termes contractuels », en fonction du « plan de correction » du moteur, des « problèmes techniques inhérents à l’alliage d’aluminium utilisé pour certains éléments de structure de l’avion », des « problèmes de convergence des coûts récurrents » et de « l’évolution d’indice de prix. »

Et ce n’est peut-être pas encore fini… Car, comme le souligne Airbus, les « négociations commerciales avec l’OCCAR [Organisation conjointe de coopération en matière d’armement , ndlr] et les pays clients doivent désormais se tenir sur le calendrier de livraison révisé et de ses implications », dont « l’issue est impossible à prévoir ». Et cela pourrait avoir un impact « significatif » sur les états financiers.

« L’efficience industrielle et l’introduction graduelle des capacités militaires de l’A400M ne sont toujours pas en phase avec le calendrier et demeurent un défi », a admis M. Enders. « Mais les progrès sont tangibles et l’A400M, déjà en service au sein de cinq forces aériennes, affiche des performances impressionnantes et démontre chaque jour un peu plus qu’il est un appareil exceptionnel », a-t-il fait valoir.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]