Un groupe clandestin corse met en garde les jihadistes

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« Cette confrontation, je pense qu’elle va avoir lieu. Encore un ou deux attentats et elle adviendra. Il nous appartient donc d’anticiper et de bloquer tous ces groupes qui voudraient, à un moment ou à un autre, déclencher des affrontements intercommunautaires », affirmait Patrick Calvar, le Directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), lors d’une audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, en mai dernier. Depuis, il y a eu l’attentat de Nice et l’assassinat d’un prêtre dans son église. Deux actions revendiquées par l’État islamique (EI ou Daesh).

Un sondage, réalisé par l’IFOP et publié au lendemain de l’attaque de Nice par Atlantico, a confirmé les craintes de M. Calvar. En effet, 73% des personnes interrogées ont dit penser « qu’il y aurait des actes de représailles contre la communauté musulmane en cas de nouvel attentat islamiste. »

Et c’est en Corse que des signes précurseurs de cette confrontation redoutée par le DGSI ont pu être contastés. Ainsi, en avril dernier, la mosquée de Mezzavia a été incendié. Plus tôt, en décembre 2015, à Ajaccio, un guet-apens tendu à des pompiers donna lieu à des manifestations au cours desquelles une salle de prière musulmane, située à proximité des Jardins de l’Empereur, où les soldats du feu avaient été agressés, fut saccagée.

Dans un message envoyé à la rédaction de Corse Matin, le mouvement clandestin nationaliste du FLNC du « 22 octobre » a évoqué les incidents d’Ajaccio en affirmant qu’il s’agissait d’une « stratégie mise en place plusieurs jours, voire plusieurs semaines, auparavant pour tester la réaction du peuple corse » et d’une opération « orchestrée par quelques pseudo-penseurs malfaisants aidés de petites crapules sans envergure. »

Mais ce message du FLNC du 22 octobre vise surtout à adresser une mise en garde aux « islamistes radicaux de Corse ». Toute attaque de leur part donnera lieu à « une réponde déterminée, sans aucun état d’âme », prévient en effet le mouvement clandestin.

« La volonté des salafistes est clairement de mettre en place chez nous la politique de Daesh et nous nous y sommes préparés », ajouté le groupe. « Votre philosophie moyenâgeuse ne nous effraie pas. L’amalgame n’existe que dans l’esprit des faibles et le peuple corse est fort (…) de choix politiques difficiles qui ne nous ont jamais fait basculer comme vous dans la barbarie », insiste-t-il, avant d’affirmer qu’un attentat a été déjoué en juin, « dans un lieu fréquenté par le public » sur l’Île de Beauté.

S’adressant aux « musulmans de Corse », le groupe clandestin les appelle à « prendre position » en dénonçant l’islamisme radical, en signalant les « dérives chez des jeunes désœuvrés tentés par la radicalisation » et n »affichant pas de signes religieux ostentatoires. « Si l’Etat islamique revendiquait des actions sur notre sol, nous ne pourrons vaincre que ensemble », estime le FLNC du 22 octobre.

À ce propos, le 20 juillet, 6 prédicateurs du courant salafiste piétiste ont été refoulé d’une plage, à Bodri, en Haute-Corse, après avoir tenté de faire une prière sur le sable. Ces prêcheurs, qui ne font pas l’unanimité parmi les imams locaux, « font toujours l’objet d’un contrôle discret des services de sécurité » et « se signalent d’ailleurs au commissariat de Bastia à chaque arrivée » avant de faire le tour des principaux lieux de culte insulaires pour porter leur vision de l’islam », a précisé France3 Corse.

Enfin, le groupe clandestin, qui avait annoncé récemment sa démilitarisation, s’est adressé aux autorités françaises. « Si un drame devait se produire chez nous », l’État aurait une responsabilité importante « car il connaît les salafistes en Corse », prétend-il. Et d’ajouter : « Il faudra que la France cesse sa propension à intervenir militairement et à vouloir donner des leçons de démocratie à la terre entière, si elle veut éviter que les conflits qu’elle sème à travers le monde ne reviennent comme un boomerang sur son sol. »

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