Sentinelle oblige, des militaires seront (encore) contraints de renoncer à leurs permissions

sentinelle-20160727

Le Conseil de défense qui s’est tenu à l’Élysée ce 27 juillet, au lendemain de l’attaque d’une église revendiquée par l’État islamique (EI ou Daesh), n’a pas donné lieu à d’annonces nouvelles, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n’ayant confirmé que des mesures déjà annoncées précédemment.

Ainsi, comme l’avait déjà indiqué le président Hollande, le porte-avions Charles de Gaulle appareillera de Toulon pour être « sur zone » à la fin septembre. Le ministre a aussi confirmé « l’installation d’un groupement tactique d’artillerie en appui aux forces irakiennes » aux environs de la mi-septembre.

Sur ce dernier point, toutefois, les propos de M. Le Drian laissent supposer que les artilleurs français ne feront pas que « conseiller » leurs homologues irakiens. Pour rappel, le chef de l’État avait parlé, le 22 juillet, de « mettre à la disposition des forces irakiennes des moyens d’artillerie », tout en insistant que cela « ne changerait pas la nature » de l’intervention de la France.

Enfin, M. Le Drian a aussi parlé du « renforcement de nos capacités de frappe par la généralisation de l’implantation de Rafale sur les bases de Jordanie et des Émirats arabes unis ». Ce mouvement est attendu depuis plusieurs semaines déjà, l’idée de l’État-major des armées (EMA) étant de rationaliser le soutien logistique en disposant du même type d’appareils sur chaque théâtre extérieur.

L’information nouvelle donnée par M. Le Drian porte sur l’opération Sentinelle. Comme annoncé au lendemain de l’attentat de Nice, le dispositif de cette dernière doit être réorienté vers les grands rassemblements culturels et touristiques ainsi que vers la surveillance des « flux et des frontières ».

Comme l’a récemment indiqué le député Olivier Audibert Troin, co-auteur d’un récent rapport sur la présence et l’emploi des forces armées sur le territoire national, « entre 70 et 75 % des militaires qui ont participé à cette opération ont été déployés en région d’Île-de-France. » Désormais, ce ratio est inversé puisque, à en croire M. Le Drian, 6.000 militaires sont d’ores et déjà déployés en province, tandis que 4.000 sont restés à Paris.

De son côté, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a précisé qu’il y « 56 événements à sécuriser jusqu’à la fin de l’été. » Et cela exige la mobilisation de 23.500 policiers, gendarmes, militaires et réservistes, en sus des « forces traditionnellement mobilisées. »

Quoi qu’il en soit, le maintien de Sentinelle à 10.000 hommes n’est pas sans poser de problème… d’effectifs. Pour rappel, le contrat opérationnel pour les opérations intérieures tel qu’il a été défini par la Loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée est de 7.500 personnels. Faute de quoi, pour ne pas perturber l’entraînement des unités, il faudrait porter les effectifs de la Force opérationnelle terrestre non pas à 77.000 soldats mais à 86.000.

Aussi, la seule variable d’ajustement porte sur les permissions… « La mobilisation à 10.000 (hommes) qui a été prolongée se fait par le renoncement par les personnels à une partie de leurs congès, qui seront repoussés », a précisé M. Le Drian.

Lundi, au fort de Vincennes, le président Hollande avait dit mesurer les « contraintes » de l’opération Sentinelle, notamment celles pesant sur la vie des militaires. « Je sais ce que ça représente pour [leurs] vies personnelles et [leurs] familles : vacances reportées, permissions annulées, événements familiaux annulés », avait-il assuré, avant d’annoncer des compensations financières, dont une revalorisation de l’indemnisté de sujétion spéciale d’alerte opérationnelle (AOPER), dont le montant journalier actuel (imposable), est de 5 euros.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]