La Bulgarie dénonce des intrusions d’avions russes dans son espace aérien

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Le ministre bulgare de la Défense, Nikolai Nenchev, a affirmé que des avions russes ont pénétré dans l’espace aérien et/ou dans la zone de responsabilité aérienne de la Bulgarie à 10 reprises au cours du mois dernier. S’exprimant sur la chaine de télévision Nova TV, le 24 juillet, il a décrit ces incidents comme des « provocations » dont « l’objectif n’est pas clair ».

Parmi ces intrusions, quatre ont impliqué des avions militaires russes dont le transpondeur avait été coupé. Les six autres ont concerné des vols commerciaux. S’agissant de ces derniers, et dans certains cas, le ministre a indiqué que l’intrusion dans l’espace aérien bulgare avait été causée par des « malentendus » avec le contrôle du trafic aérien.

Quoi qu’il en soit, et comme il se doit, toute entrée non autorisée dans l’espace aérien bulgare donne lieu au décollage en alerte d’une patrouille d’avions de combat, en l’occurrence de MiG-29. Cela « consomme beaucoup de ressources », a fait valoir M. Nenchev.

Avant l’annexion de la Crimée par la Russie, en mars 2014, les interventions de l’aviation bulgare se comptaient, chaque année, sur les doigts d’une seule main. Mais, depuis, elles ont été multipliées. Or, cela use le potentiel de ses avions de combat MiG-29.

Pour faire face à cette situation, Sofia a lancé un plan d’investissement de plus d’un milliard d’euros afin d’acquérir de nouveaux avions dont le type reste à préciser (des F-16 et des Eurofighter Typhoon d’occasion sont en lice, ainsi que des JAS-39 Gripen C/D). En attendant, en février dernier, le Parlement bulgare a voté une loi autorisant des appareils de l’Otan à participer à des missions de surveillance de l’espace aérien du pays.

Cela étant, M. Nenchev a indiqué que les récentes intrusions d’avions russes ont fait l’objet d’une demande officielle d’explications auprès de Moscou.

La position de la Bulgarie [membre de l’Otan depuis 2004, ndlr] à l’égard de la Russie n’est pas confortable. En septembre 2015, Sofia avait interdit le survol de son territoire par un avion cargo russe qui devait se rendre en Syrie. Mais, en juin dernier, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, a repoussé l’Initiative régionale de la mer Noire, laquelle consisterait à créer une force navale conjointe avec la Roumanie et la Turquie.

« C’est une tentative d’impliquer la Bulgarie dans un conflit supplémentaire. Rien n’impose le déploiement de troupes supplémentaires dans la région. Je n’ai pas besoin de guerre dans la mer Noire! », aurait-il dit, lors d’une rencontre, en juin, avec Klaus Iohannis, le président roumain.

D’après des analystes, cette « sortie » du Premier ministre bulgare s’expliquerait par sa volonté de ne pas s’aliéner l’électorat pro-russe (en juin, 2 partis de gauche ont été conviés au 15e congrès de Russie unie, dont est issu Vladimir Poutine) et de se mettre à dos le courant nationaliste, lequel n’accepterait pas de voir des navires bulgares passer sous commandement turc.

Cependant, le président bulgare, Rossen Plevneliev, s’est dit favorable à cette Initiative régionale de la mer Noire, estimant que cette région a une « importance stratégique pour la sécurité européenne, voire mondiale ». « La Bulgarie ne peut se sentir tranquille quand une multitude de conflits ‘gelés’ couvent dans ses parages et qu’on essaie de la mettre durablement au service d’un certain intérêt étrange », a-t-il affirmé aux côtés de son homologue roumain.

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