Mali : Violents combats à Kidal entre groupes touaregs rivaux

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Deux jours après l’attaque contre un camp de l’armée malienne à Nampala (centre) commise vraisemblablement par les jihadistes d’Ansar al-Din Katiba Macina (ou Front de libération du Macina), de violents combats ont éclaté à Kidal (nord) entre le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), pro-gouvernemental, et des combattants du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), qui compte dans ses rangs de nombreux transfuges de l’organisation terroriste Ansar Dine.

Ces deux groupes, signataires de l’accord de paix conclu à Alger, en 2015, cohabitaient déjà difficilement à Kidal, où la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) est régulièrement prise pour cible par Ansar Dine.

« Des combats de rue se déroulent actuellement entre le Gatia et le HCUA. Ce sont de violents combats de rue », a témoigné, auprès de l’AFP, un élu local. « Tous les civils sont chez eux. Ça tire de partout à l’arme lourde, surtout dans le centre-ville », a confirmé un habitant.

Depuis quelques semaines, le Gatia du général El Hadj Ag Gamou tente de s’affirmer à Kidal, ce que lui refuse le HCUA.

En juin, l’installation de deux check-points aux entrées de la ville par le Gatia avait suscité une vive réaction de la part du HCUA, qui n’hésita pas à effectuer des tirs de sommation.

« Lorsque l’accord de paix a été signé, le Gatia n’était pas à Kidal, mais leur présence ne nous pose pas de problème; ce qui nous pose problème, ce sont les mouvements de leurs troupes et leurs check-points improvisés », avait expliqué, à l’époque, Almouzamile Ag Mohamed, porte-parole du HCUA.

Puis, le 19 juillet, la mort d’un membre du HCUA a, semble-t-il, mis le feu aux poudres. Pour l’organisation touareg, ce dernier aurait été « assassiné » par des combattants du Gatia. Aussi, elle a exigé que l’auteur de cet assassinat soir remis à la justice et que, en attendant, les hommes du général El Hadj Ag Gamou s’abstiennent de circuler dans les rues de Kidal avec leurs armes.

Quoi qu’il en soit, la MINUSMA a condamné ces affrontements qui « constituent une violation du cessez-le-feu » et appelé « les responsables de ces confrontations à mettre fin immédiatement aux hostilités et tenir leurs engagements, conformément à tous les accords que leurs mouvements ont signés. »

La cause de ces affrontements serait politique. Comme il pense que le gouverneur de Kidal, nommé par Bamako, est proche de la Coordination des mouvements de l’Azawad, dont fait partie le HCUA, le Gatia estime que le poste de président du conseil régional doit revenir à son chef, c’est à dire le général El Hadj Ag Gamou.

« Le Gatia se base sur les pactes d’honneurs signés au mois d’octobre 2015 à Anéfis entre les tribus touarègues pour demander ce partage de pouvoir à Kidal. Celui-ci est effectif dans toute la région sauf à Kidal même », expliquait, en juin, à Jeune Afrique, Fahad Ag Almahmoud, le porte-parole de ce mouvement.

Évidemment, ces luttes d’influence et ces combats à Kidal font le jeu d’Iyad ag Ghali, le chef d’Ansar dine, qui s’oppose fermement aux accords de paix signés à Alger. 

Par ailleurs, dans la région de Mopti (centre), la localité de Gathy-Loumo a été la cible d’une attaque menée par un groupe d’hommes armés non identifiés. Ces derniers ont incendié plusieurs bâtiments publics, dont un camp militaire… déserté par ses soldats.

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