Pour un influent imam chiite irakien, les soldats américains sont des « cibles »

sadr-20160718Lors d’un déplacement à Bagdad, le 11 juillet, le chef du Pentagone, Ashton Carter, a annoncé l’envoi en Irak de 560 soldats supplémentaires, ce qui portera les effectifs militaires américains dans le pays à 4.650 personnels.

Ce contingent doit principalement être déployé sur la base aérienne de Qaayarah, située à 60 km au sud de Mossoul et reprise depuis peu à l’État islamique (EI ou Daesh) par les forces de sécurité irakienne.

Ce renfort doit permettre d’apporter aux forces irakiennes un soutien dans « le domaine de la logistique ». Et cela, en vue de l’opération qui doit être menée pour reconquérir la ville de Mossoul, qui, prise par les jihadistes de Daesh en juin 2014, est un objectif majeur de la coalition internationale.

L’on pouvait craindre que cette annonce n’allait pas réjouir les milices chiites irakiennes… Le fait est. Le 17 juillet, le très influent imam chiite Moktada al-Sadr, a appelé ses partisans à s’en prendre aux soldats américains. « Ce sont des cibles pour nous », a-t-il écrit sur son site Internet.

Cet imam s’était fait connaître en 2003, avec « l’Armée du Mahdi », bras armé de son mouvement politique, essentiellement implanté dans les faubourgs de Bagdad et influent dans le sud du pays.

Depuis, cette milice, qui a aurait compté jusqu’à 30.000 hommes, est devenue, cinq ans plus tard, la « Brigade du jour promis », après avoir notamment affronté les troupes américaines (et irakiennes) et été accusée d’avoir fourni des « escadrons de la mort » ayant multiplié les exactions contre les sunnites dans les années 2006/2007.

L’une des forces de Moktada al-Sadr, qui avait pourtant annoncé son retrait de la vie politique, est de pouvoir mobiliser des dizaines de milliers de partisans, recrutés essentiellement parmi les plus démunis. À l’image du Hezbollah libanais, son mouvement a aussi une dimension sociale. En outre, le mouvement sadriste veut jouer les redresseurs de tort. C’est ainsi qu’il a notamment mis la pression sur le gouvernement irakien au sujet des affaires de corruption en envoyant ses militants dans l’ultra-sécurisée zone verte, à Bagdad.

Comme on peut s’en douter, et même si ses partisans combattent les jihadistes, l’attitude de Moktada al-Sadr complique la lutte contre l’État islamique. Cela étant, il n’est pas le premier dignitaire chiite à s’en prendre aux troupes américaines, la milice chiite irakienne « Asaïb Ahl al-Haq » (ligue des vertueux), très proche de Téhéran, ayant fait des menaces identiques en mars dernier.

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