Pour l’Allemagne, la Russie risque de poser « un défi pour la sécurité de l’Europe »

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Jusqu’en 1994, les missions de la Bundeswehr se limitaient uniquement à la défense du territoire national. Mais, le 12 juillet de cette année-là, la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe changeait la donne avec un arrêt levant l’interdiction faite aux forces armées allemandes d’intervenir au-delà de leurs frontières et du territoire de l’Otan.

C’est ainsi que, par la suite, des unités de la Bundeswehr furent déployées en Bosnie-Herzégovine puis au Kosovo. Plus récemment, l’armée allemande a pris part aux opérations de l’Otan menées en Afghanistan (où, d’ailleurs, elle est toujours présente, via la mission Resolute Support) et a été sollicitée pour fournir des instructeurs à la mission européenne EUTM Mali.

En outre, dans le cadre de la coalition anti-Daesh, la Luftwaffe a engagé des avions de reconnaissance Tornado ECR en Turquie, après avoir déployé, à la frontière turco-syrienne, deux batteries antimissiles Patriot, sous la bannière de l’Otan. Ajoutons encore à cela que l’Allemagne a aussi participé à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, qu’elle prend une part active à l’opération européenne Sophia, en Méditerranée et qu’elle sera « nation-cadre » pour envoyer un bataillon en Lituanie au titre du renforcement du flanc oriental de l’Alliance atlantique, décidé au profit des pays baltes et de la Pologne.

Comme on peut le voir, l’Allemagne n’est pas totalement inactive sur la scène internationale. Seulement, les règles d’engagement de ses forces armées font que son apport peut être limité.

Cela étant, le dernier Livre blanc sur la défense allemand (le premier depuis 10 ans), qui vient d’être officiellement dévoilé ce 13 juillet, entend faire jouer à l’Allemagne un rôle militaire encore plus important. Et cela après avoir décidé d’augmenter, pour la première fois en 25 ans, les effectifs de la Bundeswehr et de porter son budget de la Défense à 40 milliards d’euros d’ici 5 ans.

Première puissance économique européenne, « l’Allemagne est de plus en plus perçue comme un acteur central en Europe » qui « a la responsabilité de contribuer à façonner l’ordre mondial de manière active », affirme ainsi le document, qui estime que Berlin doit être à « assumer sa responsabilité et à prendre les choses en main » face aux défis « sécuritaires et humanitaires ».

Pour autant, le texte ne prévoit pas d’engagement militaire allemand autonome dans la mesure où il précise que « l’Otan, l’Union européenne, les Nations unies et l’OSCE continueront à former le noyau de notre approche. »

Au chapitre des menaces, le Livre blanc allemand reprend celles déjà évoqués dans d’autres documents du même ordre publiés en France et au Royaume-Uni : terrorisme transnational, États faillis, cybermenaces, proliférations d’armes de destruction massive, guerre hybride, épidémies, conséquences du réchauffement climatique, migrations, etc…

Alors que, récemment, le ministre allemand des Affaires étrangères, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, a critiqué la politique de l’Otan à l’égard de Moscou, le Livre blanc adopté Berlin évoque la menace potentielle que représente la Russie. Cette dernière, qualifiée de « partenaire » dans le précédent document de référence, en 2006, est désormais accusée de « remettre ouvertement en question la paix en Europe », notamment après l’annexion de la Crimée et ses suites dans l’est de l’Ukraine.

« En modernisant de façon complète ses forces armées, la Russie semble prête à aller aux limites des obligations internationales actuelles », avancent les auteurs du Livre blanc allemand. Et cela, estiment-ils, « exige des réponses des pays concernés, mais aussi de l’Union européenne et de l’Otan. » Et d’ajouter : « Sans un changement de cap, la Russie représentera dans un avenir prévisible un défi pour la sécurité de notre continent. »

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