La Turquie se propose de coopérer avec Moscou pour lutter contre l’État islamique

Une semaine après les excuses adressées par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à son homologue russe pour l’affaire du Su-24 Fencer abattu en novembre par l’aviation turque, Ankara a proposé à Moscou une coopération dans la lutte contre l’État islamique (EI ou Daesh).

« Nous coopérons avec tous ceux qui combattent Daesh. C’est ce que nous faisons depuis un certain temps et nous avons ouvert la base aérienne d’Incirlik à ceux qui veulent activement participer à la lutte contre Daesh », a déclaré Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères, lors d’un entretien diffusé le 3 juillet par la chaîne de télévision TRT.

« Pourquoi ne pas coopérer avec la Russie suivant les mêmes termes ? » a encore demandé le ministre. « Daesh est notre ennemi commun et nous devons combattre cet ennemi », a-t-il continué.

L’on aurait pu voir dans  les propos de M. Cavusoglu  une invitation adressée à la Russie pour utiliser la base d’Incirlik, où sont déployés des avions américains, britanniques et allemands engagés dans la coalition anti-EI dirigée par les États-Unis. En réalité, il n’en est rien, comme il l’a précisé le lendemain.

« Nous avons dit que nous pourrions coopérer avec la Russie pour combattre Daesh à l’avenir. Je n’ai jamais fait de commentaires concernant la venue d’avions russes sur la base aérienne d’Incirlik », a en effet affirmé le ministre turc.

La Turquie étant membre de l’Otan, il aurait été étonnant de voir la base d’Incirlik accueillir des avions de combat russes. Cela étant, la Russie, qui dispose déjà de facilités militaires en Syrie, n’en aurait pas forcément besoin.

Quoi qu’il en soit, la proposition turque a de quoi surprendre dans la mesure où Ankara appuie des groupes hostiles à Bachar el-Assad, lequel est soutenu par Moscou. En outre, la Turquie voit d’un très mauvais oeil les avancées, dans le nord de la Syrie, des milices kurdes syriennes, proches alliées du PKK, le mouvement indépendantiste kurde.

Cela étant, pour le Kremlin, il s’agit-là d’une « déclaration importante qui doit être examinée d’un point de vue militaire et politique », même si, à ce stade, aucun contact avec la Turquie n’a été  établi avec les autorités turques sur cette question. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a estimé que l’attentat meutrier commis le 28 juin contre l’aéroport d’Istanbul (41 tués) et attribué à Daesh confirmait que l’échange de renseignements entre Moscou et Ankara était « crucial » pour lutter contre le terrorisme.

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