Si son engagement dans Sentinelle reste inchangé, l’armée de Terre devra recruter 9.000 soldats de plus

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Au moment du lancement de l’opération intérieure Sentinelle, après les attentats de janvier 2015, 10.000 soldats, principalement de l’armée de Terre, ont été engagés sur le territoire national afin de surveiller et protéger les sites « sensibles ». Ce qui était conforme au contrat opérationnel des forces armées, tel qu’il avait été défini par le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, publié deux ans plus tôt… Mais à la condition qu’un tel déploiement soit de courte durée.

Seulement, au regard de la menace terroriste, l’opération Sentinelle a été maintenue, toujours avec un fort engagement de l’armée de Terre. Et c’est pourquoi il a été décidé de porter les effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT) de 66.000 à 77.000 personnels, via la Loi de programmation militaire 2014-2019 actualisée.

Et cette dernière a aussi revu à la hausse le contrat opérationnel des armées, portant à 7.000 le nombre de soldats des forces terrestres déployés « dans la durée » sur le territoire national, voire juqu’à 10.000 pendant un mois.

Cet engagement important de la FOT sur le territoire national, dans la mesure où le recrutement de 11.000 engagés supplémentaires n’est pas terminé, a au moins deux conséquences : les militaires sont soumis à de fortes contraintes (entre 160 et 200 jours d’absence de leur domicile en 2015 pour nombre d’entre eux, annulation de stages,etc) et la préparation opérationnelle sert de variable d’ajustement (exceptée la mise en condition avant projection).

Or, depuis les attentats du 13 novembre 2015, le dispositif de l’opération Sentinelle a été maintenu à 10.000 soldats. Cela fait donc plus de 7 mois que le contrat opérationnel, pourtant revu à la hausse, est dépassé. Conclusion : l’équilibre est à nouveau rompu, comme le souligne le rapport d’information sur la présence et l’emploi des forces armées sur le territoire national, rendu par les députés Olivier Audibert Troin et Christophe Léonard.

Il n’y a donc que deux options : soit il faut ramener le dispositif Sentinelle à 7.000 soldats, comme le prévoit la LPM actualisée, soit il faut recruter davantage pour couvrir les besoins de la Force opérationnelle terrestre.

Ainsi, le commandant des forces terrestres, le général Arnaud Sainte-Claire Deville a expliqué, peut-on lire dans ce rapport, que pour pouvoir déployer 10.000 hommes dans la durée, il lui faudrait (approximativement) 86.000 soldats et non 77.000 comme il est prévu. « Il faudra choisir : on ne peut pas maintenir 10.000 hommes sur le territoire national tout en menant une expédition en Libye », a-t-il dit.

D’autant plus que le recrutement, « à marche forcée », de 11.000 engagés de plus ne sera achevé qu’en 2017. Et même une fois qu’il sera terminé et que les recrues seront formées, il faudra du temps, souligne le rapport, pour « retrouver le niveau de compétence professionnelle d’avant 2015. » Et « refaire Serval sera de nouveau possible (…) mais mener une opération de haute intensité ne le sera pas aussi rapidement », a fait valoir le général Didier Brousse, sous-chef d’état-major « opérations aéroterrestres ».

Pour le général Sainte-Claire Deville, cette augmentation prévue des effectifs permettra de revenir à un niveau d’entraînement « acceptable », même s’il restera « inférieur à celui que nous avions auparavant » (à 60% du niveau antérieur).

Quoi qu’il en soit, et même si le président Hollande a annoncé la fin des suppressions de postes dans les armées lors de son discours prononcé de le Parlement réuni en Congrès à Versailles, le 16 novembre, aller au-delà des 11.000 recrutements planifiés pour la FOT sera très compliqué étant donné que la chaîne de recrutement et de formation sont déjà sous tension. En outre, recruter encore 9.000 soldats de plus supposera probablement la création de nouveaux régiments, ceux actuellement en ligne ayant déjà dû « pousser les murs » pour accueillir une compagnie de combat supplémentaire.

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