Quelles conséquences aura le Brexit sur la politique de défense britannique?

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Les électeurs britanniques l’ont décidé : le Royaume-Uni quittera l’Union européenne (UE). Il est compliqué d’en tirer immédiatement les conséquences, les effets de ce « Brexit » devant être évalués à plus long terme. Toutefois, en matière de défense, l’on peut se risquer à dire que cela ne changera pas grand chose, du moins au niveau opérationnel.

Le concept de défense européenne n’a jamais été la tasse de thé des Britanniques. Pourtant, quand l’Union européenne a lancé des opérations militaires, ils ont souvent répondu présents.

Ainsi, par exemple, Atalante, la mission européenne de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien est commandée depuis Northwoods. Et, plus récemment, la Royal Navy a envoyé des navires en Méditerranée au titre de l’opération Sophia.

Évidemment, avec le Brexit, il faudra désormais faire sans les moyens des forces armées britanniques. Et il ne sera donc plus possible de faire appel à Londres dans le cadre de l’article 42-7 du Traité de l’Union européenne, lequel prévoit une assistance militaire à un pays membre attaqué.

Mais ce Brexit pourrait déboucher sur la création d’un quartier général européen. Jusqu’à présent, Londres avait toujours refusé cette éventualité au motif que cela créérait un doublon avec l’Otan. Désormais, le champ est libre. Au passage, on notera que la France dispose désormais, à elle seule, des plus importantes capacités militaires de l’UE.

Justement, si le Royaume-Uni quitte l’UE, il reste membre à part entière de l’Otan. Il « demeurera un allié fort et engagé (…) continuera à jouer son rôle dirigeant au sein de notre Alliance », s’est empressé de souligner le Norvégien Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan.

« Une Otan forte, unie et déterminée reste un pilier essentiel de stabilité dans un monde turbulent, et un élément clé de la paix et de la sécurité internationale », a-t-il encore ajouté, en évoquant une « coopération plus étroite » avec l’UE.

En outre, les traités de défense bilatéraux ne sont nullement remis en cause par ce Brexit. À commencer par celui de Lancaster House, conclu avec la France. « Nos relations étroites en matière de défense seront préservées », a affirmé, ce 24 juin, le président Hollande.

Par ailleurs, dans le domaine du renseignement, le Brexit ne changera rien dans la mesure où la coopération entre services se fait déjà en dehors de l’UE. En outre, le Royaume-Uni fait partie des « Five Eyes ». En revanche, il se retirera d’Europol, un office qui facilite l’échange de renseignements entre polices des États membres de l’Union européenne et dont la direction est assurée… par un britannique.

Cependant, le Brexit pourrait avoir quelques conséquences négatives pour la défense britannique. Ainsi, en Irlande du Nord, le Sinn Fein, le parti nationaliste qui fut la branche politique de l’IRA, en a appelé à l’organisation d’un référendum de réunification avec la République d’Irlande (membre de l’UE). Même logique en Écosse, où Scottish National Party a évoqué la tenue d’une nouvelle consultation sur une éventuelle sortie du Royaume-Uni pour ensuite intégrer l’UE.

Si la dernier référendum sur ce thème fut un échec pour les indépendistes écossais, rien ne dit que le prochain, si il doit avoir lieu, donnera le même résultat. Et cela alors que les forces armées britanniques comptent près de 11.000 militaires britanniques ainsi que 50 sites en Écosse, dont la base de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de Faslane. Et si Édimbourg devait quitter le Royaume-Uni, elles perdraient environ 1/12 de leurs moyens et 3,3 milliards de livres sur leur budget.

À propos des dépenses militaires, le gouvernement britannique pourrait être contraint de revoir ses plans, alors qu’il a prévu de les augmenter au cours des cinq prochaines années. Tout dépendra des effets du Brexit sur la conjoncture économique du pays.

Enfin, s’agissant de l’industrie de défense, si la sortie du Royaume-Uni de l’UE ne va évidemment pas simplifier la conduite de certains programmes d’armement, pour la plupart menés sur une base bilatérale (comme l’anti-navire léger ou le Système de combat aérien futur, avec la France), ces derniers ne seront pas remis en cause et devraient finalement être peu impactés.

En revanche, et déjà que ce n’était pas simple, ce sera nettement plus compliqué de lancer de nouvelles coopérations dans ce domaine. « S’il n’y a plus le substrat économique et politique qu’est l’Union européenne aujourd’hui, ce n’est même pas la peine d’espérer », a même estimé Marwan Lahoud, le responsable de la stratégie d’Airbus Group. Pour autant, par le passé, Français et Britanniques ont su coopérer pour mettre au point le Jaguar, un chasseur-bombardier devenu mythique entré en service la même année où le Royaume-Uni entrait dans la Communauté économique européenne.

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