Selon un général américain, l’Otan n’a actuellement pas les moyens de défendre les pays baltes

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À la demande insistante de la Pologne et des pays baltes, qui ont des raisons de craindre la Russie pour des raisons historiques, l’Otan va confirmer, lors de son prochain sommet, qui se tiendra à Varsovie, le déploiement de 4 bataillons « robustes » sur son flanc oriental.

Cette mesure vient s’ajouter à celles prises au lendemain de l’annexion de la Crimée par Moscou, lesquelles prévoient la création d’une force de réaction très rapide (Very High Readiness Joint Task Force – VHRJT) avec 5.000 hommes et la mise en place de 6 centres de commandement en Europe de l’Est.

Pour autant, et alors que l’exercice Anaconda 16 bat son plein, avec 31.000 soldats venus de 24 pays, le général américain Ben Hodges, le commandant (des forces terrestres de l’Otan) de l’US Army en Europe, a estimé que cela serait insuffisant pour défendre les pays baltes en cas d’invasion russe.

« C’est vrai que la Russie pourrait conquérir plus vite les États baltes que nous ne pourrions arriver pour les défendre », a en effet affirmé le général Hodges dans un entretien accordé à l’hebdomadaire allemand Die Zeit.

Justement, le scénario des manoeuvres Anaconda-16 portent sur l’invasion des pays baltes et du nord de la Pologne par « l’Union des Rouges ». Comme du temps de la Guerre froide mais sans la crise des Euromissiles. Cet exercice majeur est organisé par les forces armées polonaises et non par l’Otan. Et cela, a expliqué le général Hodges, afin de ménager la susceptibilité de Moscou. « Certains pays comme l’Allemagne ou la France trouvaient que c’était trop provocateur vis-à-vis de la Russie d’appeler ça ‘exercices de l’Otan' », a-t-il dit.

Lors de son passage devant la commission des Affaires étrangères et des Forces armées du Sénat, en mai, le général Petr Pavel, le président du comité militaire de l’Otan, avait expliqué qu’il fallait l’équivalent de 7 divisions pour défendre les pays baltes. Avec seulement 4 bataillons de 800 à 1.000 hommes chacun, on est loin du compte… Mais l’idée est surtout de dissuader la Russie de mener des actions de basse intensité qui ne donneraient pas nécessairement lieu à l’application de la clause de défense collective de l’Alliance (article 5).

Quoi qu’il en soit, ce renforcement annoncé sur le flanc oriental de l’Otan suscite de vives réactions à Moscou, comme l’ont encore démontré les propos tenus ce 22 juin par Vladimir Poutine, le président russe.

« L’Otan multiplie sa rhétorique agressive et ses actes agressifs près de nos frontières », a dénoncé le maître du Kremlin dans un discours prononcé devant les députés de la Douma [chambre basse du Parlement russe, ndlr]. « Dans ces conditions, nous sommes obligés d’accorder une attention particulière aux tâches liées au renforcement des capacités de défense de notre pays », a-t-il ajouté.

Puis, alors qu’il s’exprimait à l’occasion du 75e anniversaire de l’invasion de la Russie par l’Allemagne nazie, le président Poutine a présenté des faits historiques d’une manière fort curieuse pour accuser les Occidentaux de refuser une éventuelle aide russe pour combattre « l’ennemi commun », c’est à dire le « terrorisme international ».

C’était « déjà le cas quand ils [les Occidentaux, ndlr] avaient ignoré les propositions de l’Union soviétique (…) de défense collective » contre Hitler, a-t-il dit, selon le compte-rendu de l’AFP. « La communauté internationale n’a pas fait preuve de vigilance, de volonté, d’unité pour empêcher cette guerre et préserver la vie des millions de personnes (…) en sous-estimant le danger » du nazisme », a poursuivi le président russe.

« La Russie est ouverte aux discussions sur cette question cruciale (…), mais une fois de plus, nous ne voyons pas de réaction positive en réponse, comme c’était le cas à la veille de la Seconde guerre mondiale », a ajouté M. Poutine, qui, visiblement, a oublié le pacte germano-soviétique, signé le 23 août 1939 à Moscou, par les ministres des Affaires étrangères allemand, Joachim von Ribbentrop, et soviétique, Viatcheslav Molotov, en présence de Staline. Le 17 septembre de la même année, l’URSS attaqua la Pologne, sans déclaration de guerre préalable, soit 16 jours après l’offensive de l’Allemagne nazie.

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