L’ONU autorise l’opération européenne Sophia à contrôler l’embargo sur les armes imposé à la Libye

PHOTEX DU JEAN BART

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité de ses 15 membres, le 14 juin, la résolution 2292 qui autorise l’opération navale de l’Union européenne « Sophia » (ex-EUNAVFOR MED) à faire respecter l’embargo sur les armes imposé à la Libye.

Le texte, préparé par la France et le Royaume-Uni, permet à l’opération Sophia, initialement lancée pour « casser » le modèle économique des passeurs de migrants en Méditerranée centrale, d’intercepter et d’inspecter en haute mer, au large de la Libye, tout navire suspecté de se livrer à du trafic d’armes et d’équipements militaires sans avoir à demander l’autorisation du pays dont il bat pavillon. Toutefois, il ne sera pas possible d’intervenir dans les eaux territoriales libyennes.

La résolution 2292 est placée sous chapitre VII, ce qui signifie que le recours à la force, le cas échéant, est autorisé. Elle doit ainsi permettre d’empêcher toute livraison d’armes à la branche libyenne de l’État islamique (EI ou Daesh), aux autorités rivales du gouvernement d’union nationale installé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et à divers groupes armés.

L’Égypte, qui, comme la Russie et le Venezuela, avait émis des réserves, a finalement voté cette résolution. Or, Le Caire est un des soutiens du général Khalifa Haftar, le commandant des forces armées restées fidèles au gouvernement de Tobrouk, qui, autrefois reconnu par la communauté internationale, ne veut toujours pas s’effacer au profit de celui d’union nationale conduit par Fayez al-Sarraj.

Pour l’ambassadeur français auprès des Nations unies, François Delattre, cette résolution « donnera enfin les moyens de mieux lutter contre Daesh en stoppant le flot d’armes qui nourrit l’instabilité en Libye » et va également « renforcer le gouvernement d’union nationale et promouvoir l’unité du pays. »

Pour rappel, en mai, les ministres des Affaires étrangères des puissances occidentales et des pays voisins de la Libye avaient convenu de lever partiellement l’embargo sur les armes imposé à la Libye afin de pouvoir équiper les forces du gouvernement d’union nationale. Ces dernières tentent actuellement de reprendre la ville de Syrte à l’EI.

Cette nouvelle mission pour l’opération Sophia aura probablement des conséquences pour la Marine nationale, étant donné que les forces navales européennes devront déployer en permanence au moins 4 frégates pour faire respecter cet embargo. « Nous sommes prêts à y mettre des bâtiments » car « il y a en Libye un trafic d’armes très important qui traverse la Méditerranée et sur lequel il faut absolument qu’on puisse agir », a récemment affirmé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, lors de son audition par la commission d’enquête parlementaire relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme.

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