Raid meutrier du groupe jihadiste Boko Haram au Niger

En décembre dernier, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a déclaré que la guerre contre Boko Haram avait été « techniquement gagnée ». Il est vrai que, les mois précédents, le groupe jihadiste avait été mis en difficulté par les offensives menées par les forces nigérianes et tchadiennes visant à reprendre le contrôle des territoires qu’il occupait alors.

Seulement, la menace de Boko Haram, qui a fait allégeance à l’État islamique (EI ou Daesh), n’a pas totalement disparu. Ainsi, par exemple, fin janvier, les jihadistes ont massacré une partie des habitants de Dalori, un village situé à une dizaine de kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno. Outre les attentats suicides qu’il commet régulièrement, le groupe a continué ses incursions meutrières dans l’extrême nord du Cameroun et dans le sud du Niger. Comme cela a encore été le cas le 3 juin.

Ce jour-là, aux environs de 19 heures, un poste avancé de l’armée nigérienne situé à Bosso, près de la frontière avec le Nigeria, a été attaqué par « plusieurs centaines » de combattants de Boko Haram. « Ils étaient venus au crépuscule à bord de voitures lourdement armés et au cri de Allahou Akabar, ils ont beaucoup tiré et brûlé plusieurs endroits de Bosso », a témoigné, auprès de l’AFP, un responsable politique local.

Pour l’armée nigérienne, le bilan est lourd : 30 soldats y ont laissé la vie, ainsi que deux militaires nigérians. En outre, 76 autres ont été blessés.

Après avoir attaqué ce poste avancé, les jihadistes ont eu toute la nuit pour piller (nourriture, médicaments, véhicules, munitions, etc) et mettre à sac la ville de Bosso. Ce n’est que le lendemain matin que l’armée nigérienne a repris le contrôle de cette localité.

« L’armée a assuré que la contre-attaque menée tôt ce matin (4 juin) par nos forces de défense et de sécurité a permis de reprendre toutes les positions dans la ville de Bosso », a en effet affirmé le ministère nigérien de la Défense. « La situation est sous contrôle et le calme est revenu dans cette localité », a-t-il ajouté, précisant qu’un « ratissage était en cours » avec des moyens terrestres et aériens.

Mais cette incursion de Boko Haram, avec « plusieurs centaines » d’hommes d’après les compte-rendus, pose la question du déficit capacitaire en matière de renseignement et de surveillance. Comment, en effet, une troupe relativement importante a-t-elle pu progresser jusqu’à Bosso sans être repérée?

« Malheureusement, elle était prévisible car les soldats envoyés à Bosso sont des jeunes gens mal armés et mal formés. Toute notre force de frappe est mobilisée et stationnée à Niamey. Tous nos équipements y sont stockés. Le gouvernement néglige la défense de Diffa, la sécurité de Bosso, comme il a négligé son développement économique depuis trop longtemps », a commenté l’ancien Premier ministre nigérien, Amadou Boubacar Cissé.

Au lendemain du dernier coup de force de Boko Haram, le nouveau président de la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Marcel Alain de Souza, a estimé que la « multiplication des nombreux foyers de terrorisme dans notre espace nous oblige à partager les informations sur leurs activités, à communiquer, coordonner et harmoniser nos efforts, travailler notre synergie et mobiliser nos ressources pour y faire face. » Et d’ajouter : « Cela nous pousse naturellement à réfléchir davantage sur la constitution d’une force régionale d’intervention contre le terrorisme ».

Seulement, avec le soutien de l’Union africaine (UA), une Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF), comptant 8.500 soldats fournis par Nigeria, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin, a déjà été mise en place, avec un quartier général installé à N’Djamena, afin de mener des opérations contre les jihadistes dans la région du Lac Tchad. Mais, visiblement, elle tarde à être déclarée pleinement opérationnelle.

Par ailleurs, la France participe indirectement à la lutte contre le groupe jihadiste nigérian, via des détachements de liaison et de contact au Niger et au Cameroun, une cellule de coordination et de liaison a été adossée au PC de l’opération Barkhane et le partage de renseignements.

Même chose pour les États-Unis, qui ont déployé un détachement de 300 militaires et des drones MQ-1 Predator non armés au Cameroun ainsi que pour le Royaume-Uni, qui a envoyé des conseillers militaires au Nigéria.

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