Les militaires avaient l’ordre de neutraliser les terroristes dans le cas où ils seraient sortis du Bataclan

sentinelle-20160210

Certains se sont demandé ce qu’ont bien pu faire les militaires de l’opération Sentinelle le soir du 13 novembre 2015 à Paris, alors que des terroristes venaient de commettre un massacre dans les rues et de prendre en otage des centaines de personnes au Bataclan.

Et leur interrogation s’est muée en indignation quand il a été rapporté que ces mêmes militaires n’avaient pas reçu l’ordre d’intervenir et que l’un deux refusa de prêter son fusil d’assaut à un policier de la BAC lors de l’attaque du Bataclan.

Pourtant, rien ne peut être reproché à l’escadron du 1er Régiment de Chasseurs qui était à Paris ce soir là dans le cadre de l’opération Sentinelle. Lors d’une visite à cette unité en février, soit quelques mois semaines avant la « polémique » sur le rôle des militaires, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, rappela la chronologie des faits.

« Rue de Charonne, vous apportez immédiatement et spontanément votre concours aux forces de sécurité intérieure et vous établissez un premier périmètre de sécurité salutaire. Un mode d’action éprouvé en opérations extérieures, qui montre le lien et la continuité. Un mode d’action qui protège et rassure la population, et permet de sécuriser l’intervention des services de secours – sapeurs-pompiers et urgentistes. Certains d’entre vous appuient l’action de ces derniers, en dispensant ponctuellement des soins et en participant à l’évacuation de blessés.

Au Bataclan, avec le même courage et une réactivité également exemplaire, vous déployez un dispositif de sécurité identique. A cette différence près, qu’une prise d’otages est toujours en cours. Durant ces heures dramatiques, en liaison avec le RAID, vous tenez la position et sécurisez la mise en place des forces d’intervention, jusqu’au déclenchement de l’assaut. »

Lors de son audition, le 1er juin, par la commission d’enquête parlementaire sur les moyens mis en œuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme, M. Le Drian a mis les choses au point.

Tout d’abord, le ministre a ainsi rappelé que « la mise en oeuvre d’unités de [l’opération] Sentinelle se fait dans tous les cas de figure sur réquisition du préfet de police, approuvé par le ministère de l’Intérieur ». Aussi, a-t-il continué, « c’est dans ces conditions que certains membres du 1er Régiment de Chasseurs, qui étaient dans le XIe arrondissement, percevant une situation anormale, ont pris l’initiative de se mettre à la disposition des forces de sécurité intérieure ».

« Tout au long de la soirée, et en étroite coordination et dialogue avec les forces du ministère de l’Intérieur placées sous l’autorité du préfet de police, nos soldats seront à la disposition de ces autorités pour contribuer à la sécurisation de la zone, notamment en appuyant et en protégeants leurs interventions et, en même temps, portant secours aux victimes. Telle est la mission que leur assigne la préfecture de police », a expliqué M. Le Drian.

En outre, s’agissant du Bataclan, 4 militaires ont été positionnés passage Saint-Pierre-Amelot par les forces de police afin de sécuriser l’intervention de la BRI. Ils ont « aussi reçu l’ordre oral, le cas échéant, de neutraliser un terroriste qui sortirait » de la salle de spectacle, a précisé M. Le Drian. Ordre, a-t-il ajouté, qu’ils auraient exécuté « sans état d’âme et sans inhibition ».

Pour autant, il n’était pas question de leur en demander de faire plus. Et cela pour une raison simple : les militaires du 1er Régiment de Chasseurs ne sont en effet pas rompus aux modes d’intervention à mettre en oeuvre lors d’une prise d’otages. Une évidence rappelée par le ministre.

Quant à l’histoire du Famas qu’un soldat a refusé de céder à un policier de la BAC, il faut croire qu’un principe de base, essentiel, a été oublié au moment où elle a été évoquée par la presse. Un militaire ne se sépare jamais de son arme. Le faire, a souligné M. Le Drian, serait « contraire à tout réglement de nos forces en opération » car « sinon, c’est toute sa plus-value militaire qui s’effacerait » (et ce serait une faute professionnelle grave). Qui plus est, a insisté le ministre, de « telles armes automatiques ne se manipulent pas aisément, sauf après entraînement, même pour un professionnel des forces de l’ordre. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]