Le successeur du Rafale ne sera pas « forcément » le fruit d’une coopération européenne

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Parler de l’après-Rafale, c’est se projeter à long-terme. Mais, il n’est pas interdit d’y réfléchir et d’imaginer des concepts futurs, comme c’est d’ailleurs le cas aux États-Unis, où plusieurs constructeurs ont présenté des concepts. Quelles seront les technologies arrivées à maturité dans 20 ou 30 ans? Et pour quelles capacités? Pour quels emplois?

Une chose est acquise : développer un nouvel appareil coûtera cher, sauf à faire mentir la loi de Norman Augustine. L’ancien dirigeant de Lockheed-Martin avait en effet affirmé qu’en « extrapolant le budget de la défense selon les tendances de ce siècle, on découvre qu’en 2054 la courbe du coût d’un avion rejoindra celle du budget » et que, par conséquent, « au rythme actuel, le budget de la défense entier ne permettra d’acheter [en 2054] qu’un seul avion tactique. »

Aussi, pour ce qui concerne le Vieux Continent, un avion de chasse des années 2040/2050, qui opérera vraisemblablement aux côtés de drones furtifs pour former un système de combat aérien, pourrait être le fruit d’une collaboration européenne. Encore faut-il que les Européens se mettent d’accord.

« L’avion de combat du futur ne sera européen que si les Européens s’entendent sur un besoin opérationnel commun. Il faut tirer les leçons de quinze ans d’échec dans la défense européenne. Sans besoin stratégique commun, il ne peut y avoir de programme défini à Bruxelles. Inutile de répéter les erreurs du passé », a expliqué Éric Trappier, le Pdg de Dassault Aviation, alors qu’il était interrogé par le quotidien Les Échos.

Et justement, la définition de ces besoins stratégiques (et opérationnels) communs s’avère toujours compliquée à trouver. Alors qu’il lui était demandé si le Rafale était le « dernier projet franco-français », M. Trappier a répondu : « pas forcément ».

Et d’ajouter : « Arrêtons ce fantasme : Dassault et la France n’ont pas conçu le Rafale seuls contre tous les autres pays » car, « à la base, il y a de vraies différences de besoins opérationnels. » Et le fait est : il fallait à la France un avion capable de mener des missions nucléaires et d’être mis en oeuvre depuis un porte-avions. Aussi, il sera compliqué de mettre tout le monde d’accord pour développer, au niveau européen, un nouvel appareil.

Au passage, M. Trappier a estimé que la « préférence européenne est un concept sans effet » car de nombreux pays européens « préfèrent acheter américain, quand bien même cela ne leur donne aucun accès aux codes sources. » Et de citer le cas des Pays-Bas : « Lors de l’appel d’offres lancé (…) dans les années 2000, nous aurions pu donner nos Rafale, cela n’aurait rien changé à la volonté du gouvernement hollandais de s’équiper de chasseurs américains, afin de se mettre à l’abri du parapluie américain, l’Otan. »

Photo : Concept du MD-750, projet de Dassault Aviation dans les années 1970

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