Opération Sentinelle : Il y a encore trop de gardes statiques à Paris

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Depuis le lancement de l’opération intérieure Sentinelle, deux points sont régulièrement avancés par les responsables civils et militaires. Le premier consiste démentir l’idée que les 10.000 soldats engagés dans cette mission sont des supplétifs des forces de sécurité intérieure tandis que le second insiste sur la nécessité de diminuer le nombre de gardes statiques devant les sites sensibles au profit d’un dispositif plus mobile. Et cela fait des mois que l’on en parle…

Encore récemment, Jean-Marc Falcone, le directeur général de la police nationale, a dit, lors d’une audition devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale, ne pas considérer que les « forces armées ont un rôle supplétif » et souhaiter, « au contraire, les intégrer pleinement aux missions des forces de police et de gendarmerie, sans pour autant leur confier des compétences judiciaires qu’elles ne réclament pas ». Car, a-t-il ajouté, « ces forces ont toute leur place dans notre dispositif de sécurité et ne doivent pas se contenter de missions secondaires. »

S’agissant des gardes statiques, le constat est unanime. « Ces missions doivent évoluer pour, selon moi, devenir plus dynamiques : plutôt que de rester sur des points fixes, les militaires devraient sécuriser des périmètres déterminés », a ainsi affirmé M. Falcone.

Pourtant, en octobre 2015, le général Jean-Pierre Bosser, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), avait expliqué que l’opération Sentinelle était « aux deux tiers constituée de dispositifs dynamiques, et plus valorisants pour nos hommes. » Et puis, un mois plus tard, il y a eu les attentats de Paris et de Saint-Denis…

Et, visiblement, les gardes statiques sont actuellement plus nombreuses que les patrouilles. Du moins si l’on en croit les propos tenus par le général Arnaud Sainte-Claire Deville, le Commandant des Forces Terrestres (CFT), devant l’Association des journalistes de défense (AJD), et rapportés par Le Parisien.

« Il faut faire en sorte que les modes d’action [de l’opération Sentinelle] soient beaucoup plus dynamiques », a ainsi affirmé le général Sainte-Claire Deville. « Aujourd’hui, sur Paris, deux tiers de nos forces protègent de façon statique un tiers des sites. Il faut qu’on arrive à inverser ce ratio », a-t-il insisté.

Faire du gardiennage n’est pas le rôle des militaires, qui ont été formés et entraînés pour d’autres missions. Qui plus est, cette posture statique en fait des cibles potentielles, comme à Nice ou à Valence.

En outre, et tant que ses effectifs n’auront pas été portés à 77.000 hommes (11.000 de plus), la Force opérationnelle terrestre (FOT) reste sous tension. « Les soldats sont mobilisés 180 à 230 jours par an loin de chez eux, entre opérations intérieure et extérieures », a souligé le général Sainte-Claire Deville, pour qui c’est un « maximum acceptable » [c’est à dire une limite à ne pas franchir] pour la « vie de famille ».

« Depuis les attentats, certains soldats passent 50% de leur temps dans la défense du territoire national contre 5% auparavant », a fait valoir le commandant des forces terrestres. « Le ratio doit revenir à 20% d’opérations intérieures et 15% d’opérations extérieures », a-t-il estimé.

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