Irak : La difficile reconquête de Falloujah est lancée

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Fin décembre 2013, les jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL, qui prendra l’appellation « État islamique » quelques mois plus tard), profita de la tension entre la population sunnite locale et le gouvernement central irakien pour prendre le contrôle la ville de Falloujah, située dans la province d’al-Anbar, à seulement une cinquantaine de kilomètres de Bagdad.

La prise de Falloujah par l’EI fut l’histoire de quelques jours. À vrai dire, les jihadistes ne rencontrèrent pas de forte opposition de la part des forces irakiennes, qui, par ailleurs, avaient mauvaise presse auprès de la population. Le gouvernement envisagea de lancer une contre-offensive pour reprendre la ville, avant de finalement y renoncer devant les difficultés.

Du coup, le Premier ministre de l’époque, Nouri al-Maliki, expliqua qu’il valait mieux encercler Falloujah afin d’empêcher les jihadistes de se réapprovisionner en munitions. La suite est connue : cette stratégie fut un échec. En juin 2014, l’EI s’empara de Mossoul, la deuxième ville du pays, ainsi que de larges pans du nord de l’Irak.

Plus de deux ans plus tard, la dynamique a changé en Irak. Les forces de sécurité ont réussi à regagner une partie du terrain perdu, en particulier grâce à l’appui aérien d’une coalition internationale dirigée par les États-Unis, laquelle a en outre déployé des conseillers militaires pour former et entraîner les soldats irakiens.

Après avoir reconquis Tikrit (avec l’appui de milices chiites), Sinjar (grâce aux combattants kurdes irakiens), Ramadi, Hit et, dernièrement, ar-Rutbah, les forces irakiennes ont ainsi lancé, le 22 mai, une offensive visant à reprendre Falloujah à l’État islamique. Et les opérations s’annoncent difficiles.

En 2004, lors de la « seconde bataille » de Falloujah, il avait fallu plus de 10.000 soldats, 300 blindés et une centaine d’aéronefs aux forces américaines pour venir à bout, au terme de 6 semaines de violents combats, d’environ 4.000 jihadistes.

La première difficulté sera de prendre en compte la population, estimée actuellement entre 50.000 et 100.000 personnes et par ailleurs généralement hostile au gouvernement de Bagdad, et plus encore aux milices chiites qui seront très probablement engagées dans la bataille. L’État islamique en est d’ailleurs bien conscient étant donné qu’il cherche à empêcher le départ de la ville de plusieurs dizaines de familles. La solution du commandement irakien des opérations est de conseiller les civils à accrocher un drapeau blanc sur leur maison et à se tenir éloigné des positions jihadistes. L’on peut douter de l’efficacité de telles mesures…

Une autre difficulté est que, en deux ans et demi, l’EI aura eu largement le temps de préparer ses défenses en vue d’un éventuel assaut des forces irakiennes. Ce qui renforcera une troisième embûche : la configuration de la ville, qui se présente sous la forme d’un carré de 5 km sur 5 km.

Les forces irakiennes devront progresser parmi un millier de blocs de 100 à 200 mètres de côté, séparés par des rues étroitres et des murs d’enceintes. À de rares exceptions, les maisons sont des cubes, faites de briques et de mortiers et dépassant rarement les trois étages.

Un cahier du RETEX sur la seconde bataille de Falloujah, édité par le Centre de doctrine et d’emploi des forces (CDEF), souligne que « ce terrain déjà favorable à la défense », peut être « aménagé en profondeur » par les jihadistes, qui ont ainsi la possibilité de « multiplier les obstacles, points d’appui, tranchées, bunkers, pièges explosifs (souvent reliés entre eux) et surtout, itinéraires à l’intérieur même des bâtiments. »

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