Une frappe américaine a visé le mollah Mansour, le chef des talibans afghans

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Le mollah Mansour ne sera sans doute resté aussi longtemps que son prédécesseur, le mollah Omar, à la tête du mouvement taleb afghan… En effet, Peter Cook, un porte-parole du Pentagone, a confirmé, le 21 mai, qu’il avait été visé la veille par une frappe aérienne américaine effectuée par un drone.

Le mollah Mansour, en tant que chef des talibans, « était impliqué activement dans la planification d’attaques à Kaboul et dans le reste de l’Afghanistan, présentant une menace pour les civils et les forces de sécurité afghanes ainsi que pour notre personnel et celui de nos partenaires de la coalition [mission Resolute Support de l’Otan, ndlr] », a rappelé Peter Cook.

Il « était un obstacle à la paix et à la réconciliation entre le gouvernement d’Afghanistan et les talibans, interdisant aux chefs talibans de participer aux négociations de paix avec le gouvernement afghan », a encore justifié le porte-parole du Pentagone. « Nous évaluons toujours les résultats de la frappe et nous (…) fournirons plus d’informations dès qu’elles seront disponibles », a-t-il ajouté.

Un responsable américain a confié, sous le sceau de l’anonymat, que le raid avait impliqué « plusieurs drones des forces spéciales » et qu’il avait eu lieu « au sud-ouest de la ville d’Ahmad Wal », au Balouchistan. Et, excepté le raid des Navy Seals à Abbottabad qui fut fatal à Oussama Ben Laden, c’est une première.

Certes, les drones américains ont mené plusieurs centaines de frappes au Pakistan (au moins 391). Mais toutes avaient été jusqu’alors effectuées dans les zones tribales pakistanaises, en particulier au Nord-Waziristan et au Sud-Waziristan, où les cadres d’al-Qaïda trouvèrent refuge après 2001.

Un haut-responsable de la Maison Blanche a indiqué que Washington a informé Islamabad et Kaboul de cette frappe aérienne peu de temps après l’avoir effectuée. Et cela, probablement pour éviter des fuites au sujet de cette opération, sachant qu’une partie de l’Inter-Service Intelligence, les puissants services de renseignement pakistanais, soutient le taliban afghans.

Le mollah Mansour dirigeait le mouvement taleb afghan au moins depuis la mort (annoncée en juillet 2015) du mollah Omar, décédé en avril 2013. Fermement opposé à l’État islamique, qui cherche à s’implanter en Afghanistan, il avait été contesté par une partie des chefs taliban, dont les mollah Dadullah (depuis « neutralisé ») et Rasoul (probablement mis à l’ombre par les services pakistanais). Cependant, il avait reçu l’allégeance d’Ayman al-Zawhiri, le successeur de Ben Laden à la tête d’al-Qaïda.

Cela étant, cette opération contre le mollah Mansour a été saluée par plusieurs élus américains, dont le sénateur John McCain, le président du comité des forces armées du Sénat. « J’espère que cette frappe contre le principal dirigeant des taliban va amener l’administration (Obama) à reconsidérer sa politique d’interdire aux troupes américaines de s’en prendre aux taliban », a-t-il affirmé dans un communiqué.

Depuis la fin de la mission de combat de l’Otan en Afghanistan, le rôle des troupes américaines se cantonne à soutenir les forces de sécurité afghane. Et cette posture est d’autant plus critiquée à Washington que les taliban ont regagné du terrain en 2015.

Dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, le général David Petraeus, qui fut directeur de la CIA après avoir commandé la force de l’Otan (ISAF) en Afghanistan, a plaidé pour un changement des règles d’engagement des forces américaines et pour que soit menée une campagne aérienne avec la même vigueur qu’en Irak et qu’en Syrie.

Quoi qu’il en soit, la disparition du mollah Mansour – si elle est confirmée – va sans doute pertuber les taliban afghans dans un premier temps. Mais ses conséquences risquent d’être limitées dans la mesure où ces derniers ne manquent pas de chefs potentiels et que leur commandement est, en quelque sorte, décentralisé. Ainsi, la mort du mollah Omar n’a pas eu d’effet sur les offensives qu’ils ont menées depuis 3 ans, même si elle a donné lieu à une « guerre » de succession entre leurs différentes factions.

Par les successeurs probables du mollah Mansour – si sa mort est confirmée – à la tête des taliban afghans, on peut citer Sirajuddin Haqqani, le fils du fondateur du réseau du même nom, très actif dans l’est de l’Afghanistan. Chef des opérations militaires du mouvement taleb et partisan d’une ligne dure, sa nomination éventuelle ne facilitera évidemment pas les négociations avec Kaboul.

Le fils du mollah Omar, mollah Mohammad Yaqoub, fait partie des candidats possibles, comme son oncle, le mollah Abdul Manan Akhund. Les deux hommes avaient été nommés à des postes clés par le mollah Mansour, afin de mettre un terme aux dissensions internes liées à sa nomination.

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