Des filières jihadistes vers la Libye se mettent en place

toyota-20151008

L’audition de Patrick Calvar, le directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), par les députés de la commission de la Défense n’est pas passée inaperçue, notamment quand il a parlé la menace terroriste et le risque d’attaque au milieu des foules au moyen d’explosifs.

En revanche, le passage où M. Calvar évoque la Libye a moins été remarqué. Pour le moment, le flux de jihadistes vers ce pays n’a pas atteint le niveau de celui constaté pour la Syrie et l’Irak. Selon les estimations, la branche libyenne de l’État islamique (EI ou Daesh) y compterait entre 3.000 et 5.000 combattants. Mais il est difficile d’être catégorique…

Toujours est-il que, d’après le directeur du renseignement intérieur, « quelques Français se trouvent dans la zone libyenne » actuellement. Et, il y a quelques semaines, ses services ont, pour la première fois, interpellé « trois individus qui partaient pour la Libye », ce qui, a-t-il ajouté, « signifie que des filières pourraient se mettre en place ». Or, pour cela, a-t-il expliqué, « il suffit qu’une personne s’y rende et fasse ensuite appel à ses amis. »

Un autre aspect à prendre en compte est l’attrait qu’exerce la branche libyenne de Daesh sur des individus radicalisés originaires d’Afrique du Nord.

« Nous ne prenons souvent en considération que les Français ou les personnes résidant en France. Or nous sommes désormais obligés de réfléchir dans le cadre plus large de la francophonie. En effet, de nombreux Nord-Africains se trouvent dans les zones considérées : beaucoup de Tunisiens, un peu moins de Marocains et d’Algériens. Ils ont la capacité de venir très facilement sur notre territoire et la plupart sont francophones (…). Ils ont aujourd’hui un intérêt particulier à s’installer en Libye », a affirmé M. Calvar.

Cela étant, pour le moment, les sympathisants français (ou résidents en France) de l’EI sont surtout présents en Irak et en Syrie. La DGSI estime leur nombre à 645, dont 245 femmes et 20 mineurs assez âgés pour participer aux combats. En outre, « 201 individus sont en transit, soit à destination de la Syrie, soit de retour de Syrie pour la France. »

« Nous recensons 173 Français présumés morts – chiffre sans doute inférieur à la réalité, mais il est très difficile d’obtenir des indications précises du fait des bombardements », a précisé M. Calvar. Et 244 jihadistes sont revenus en France tandis que 818 autres ont manifesté leur intention d’en partir pour rejoindre le Levant.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]