Le gouvernement libyen d’union réclame des avions pour combattre l’État islamique

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S’il ne suffit pas à lui seul pour vaincre un adversaire, l’appui aérien est en revanche indispensable pour y parvenir. D’où les efforts des factions libyennes de se doter d’une aviation en remettant en état des appareils hérités du temps du colonel Kadhafi.

Ainsi, la coalition de milices Fajr Libya, qui soutenait le gouvernement non reconnu par la communauté internationale et issu du Congrès général national (CGN), dispose d’une vingtaine d’avions de combat (et d’entraînement), dont 2 Mirage F1ED pilotés par des mercenaires sud-africains et américains et 2 MiG-23 MLD.

La faction rivale, celle qui soutient le gouvernement de Tobrouk, reconnu il y a encore peu par la communauté internationale, met aussi en oeuvre une vingtaine d’appareils, mais d’une « qualité » supérieure car l’on trouve 17 MiG-21 (bis, MF et UM), 1 Mirage F1AD, 1 Su-22UM et 1 MiG-23ML. La flotte de la Libyan National Army (LNA) est plus complète dans la mesure où y figurent des hélicoptères d’attaque ainsi qu’au moins un avion de transport C-130 Hercules. (*)

Ces deux factions font un usage relativement intense de leurs appareils. Ces derniers jours, la LNA, commandé par le général Khalifa Haftar, a ainsi multiplié les frappes à Derna, contre des groupes jihadistes ralliés à al-Qaïda, dans le cadre d’une opération appelée « Volcano ».

Même chose pour Fajr Libya, qui a rallié en grande partie le gouvernement d’union nationale (GNA) conduit par Fayez el-Sarraj, dont la formation a été encouragée par les Nations unies et qui, à ce titre, bénéficie du soutien de la communauté internationale.

A priori, les frappes aériennes effectuées par les avions de Fajr Libya dans le secteur d’Abu Grein, à une centaine de kilomètres de Syrte, ont été efficaces puisque les forces loyales au gouvernement d’union ont indiqué, le 17 mai, avoir repris cette localité à l’État islamique.

Pour autant, les moyens aériens des forces loyales au GNA ne sont pas suffisants. Aussi, au lendemain de la décision, prise lors d’une réunion des grandes puissances à Vienne, d’une levée partielle de l’embargo sur les armes à destination de la Libye, le vice-Premier ministre du gouvernement d’union, Moussa al-Kony, a réclamé la livraison d’avions de combat et d’hélicoptères.

« Ce soutien international est fondamental pour la mise sur pied d’une armée forte (…) capable de lutter contre le groupe jihadiste Etat islamique et les autres groupes extrémistes », a commencé par dire M. al-Kony, au cours d’un entretien donné à l’AFP.

« Les institutions étatiques se sont effondrées car l’armée elle-même s’est effondrée. Notre priorité est aujourd’hui d’unifier cette institution et de la faire renaître. Mais sans armes, nous ne pouvons pas y arriver », a poursuivi le vice-Premier ministre libyen.

Et M. al-Kony de préciser : « Ce que nous voulons, c’est obtenir toutes sortes d’armes (…) mais la priorité pour nous, ce sont les avions. Nous voulons des pilotes, des hélicoptères et des avions de guerre. » Reste à savoir quels types de matériels pourront satisfaire les exigences du gouvernement d’union national et qui pourra les livrer.

Cela étant, les forces loyales au gouvernement et au Parlement de Tobrouk, qui n’ont toujours pas reconnu l’autorité de Fayez el-Sarraj (ce qui complique évidemment leurs relations avec la communauté internationale), ne sont pas en reste et ont critiqué la décision d’assouplir l’embargo sur les armes au bénéfice de leurs rivales, passées au service du GNA.

« Cette décision va créer le chaos, et nous nous tournerons vers des pays qui nous soutiennent pour obtenir des armes pour nous-mêmes », a ainsi avancé Ahmed al-Mesmari, le porte-parole du commandement général des Forces armées libyennes [loyales au général Haftar, ndlr]. Les pays en question sont l’Égypte et très probablement les Émirats arabes unis.

Quoi qu’il en soit, les deux autorités désormais rivales accélérent leurs préparatifs en vue de lancer, séparément, une offensive visant à chasser l’EI de Syrte.

(*) Ordre de bataille au 31 mars établi par Arnaud Delalande (DSI n°123 – Mai/juin 2016. Depuis, la LNA a intégré 2 MiG-23BN supplémentaire

 

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