Un retrait du programme d’avion de transport A400M évoqué en Allemagne

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Faut-il s’attendre à de nouveaux nuages pour l’avion de transport A400M, développé par Airbus? À en croire l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Berlin envisagerait de se retirer de ce programme, en raison de problèmes techniques qui finissent par devenir récurrents et de capacités non conformes à ce qu’attendait la Luftwaffe.

Du moins, cette hypothèse est évoquée au sein de l’état-major allemand… Et aussi par quelques responsables politiques influents, comme Wolfgang Hellmich, le président de la commission de la Défense du Bundestag (chambre basse du Parlement).

Certes, les soucis de l’A400M, notamment au niveau de ses turbopropulseurs, sont connus depuis longtemps. Même chose pour le défaut de capacités pourtant inscrites dans son cahier des charges, comme l’autoprotection contre les missiles sol-air.

Seulement, quand un problème est réglé, un autre survient. Ainsi, Airbus a prévenu ses investisseurs, en avril, qu’il faudrait probablement prévoir une provision financière supplémentaire pour trouver une solution à un défaut au niveau des boîtier de transmission (AGB accessory gearbox) des moteurs de l’appareil. Et cela pose un « sérieux défi de production et de livraison aux clients », a commenté Tom Enders, le Pdg du groupe.

Déjà qu’elle n’a pas été particulièrement emballée par le premier A400M qui lui a été livré (avec 875 « manquements » constatés), la Luftwaffe craint de nouveaux retards pour les livraisons à venir. D’autant plus qu’un rapport interne de la Bundeswehr récemment évoqué par le Süddeutsche Zeitung, a souligné les « risques » liés à ce programme d’avion de transport européen, avec par conséquent de possibles nouvelles mauvaises surprises, notamment au niveau de la maintenance (un contrôle est déjà nécessaire après 20 heures de vol).

D’où l’hypothèse faite par des responsables militaires d’une possible sortie de l’Allemagne de ce programme, évoquée par Der Spiegel. Et ce scénario, s’il se confirme, obligera à trouver un avion de transport alternatif pour remplacer les Transall C-160 de l’aviation allemande, lesquels doivent théoriquement être retirés du service en 2020.

Cela étant, les problèmes de l’A400M mettent la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, sous le feu des critiques. « Nous voulons la transparence », a ainsi affirmé, le 5 mai, Wolfgang Hellmich, qui réclame un nouvel examen du programme afin de voir s’il y a des solutions pour les défauts déjà constatés et s’il faut s’attendre à de nouveaux retards.

« Nous sommes dans une situation très difficile », a ajouté le président de la commission de la Défense du Bundestag. « Il est aussi possible d’annuler le projet », a-t-il prévenu.

Un retrait de l’Allemagne mettrait le programme A400M dans une position fort délicate, sachant que la Luftwaffe attend 53 exemplaires de cet appareil (soit 7 de moins par rapport à la commande initiale). Et par ricochet, cela impacterait la France, qui compte en disposer 50 unités à terme.

Aussi, une autre hypothèse rapportée par le Süddeutsche Zeitung serait l’achat, en complément de l’A400M, de 10 à 12 avions C-130J Hercules, du constructeur américain Lockheed-Martin. C’est également l’option choisie par la France, qui a commandé 4 appareils de ce type.

Photo : A400M (c) Luftwaffe/Nurgün Ekmekcibasi

 

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