Les forces iraniennes ont officiellement mis en service le système de défense aérienne russe S-300

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Depuis l’accord de Vienne, qui, signé le 14 juillet 2015, vise à empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire, les forces iraniennes ont procédé à plusieurs essais de missiles balistiques. Ces derniers ont tous été condamnés par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ces pays estimant que ce type d’activité contrevient à la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce que l’Iran conteste évidemment, expliquant qu’il s’agit d’augmenter ses « capacités défensives ».

Mais la communication iranienne au sujet de ces essais de missiles donne parfois lieu à des « couacs ». Il y a quelques jours, le général Ali Abdollahi, chef-adjoint de l’état-major des forces armées iraniennes, a ainsi affirmé que l’Iran avait testé, fin avril, un nouvel engin d’une portée de 2.000 km, avec une « erreur de frappe de huit mètres. » Et d’ajouter : « Nous pouvons guider ce missile balistique, il sort de l’atmosphère terrestre et y rentre ensuite pour frapper la cible sans erreur. »

Seulement, un peu plus tard, les propos du général Abdollahi ont été… démentis par le général Hossein Dehghan, le ministre iranien de la Défense. « Nous n’avons pas eu de test de missile avec une telle portée, comme l’ont indiqué des médias », a-t-il dit.

Aussi, on peut en déduire deux possibilités : la première est que l’Iran n’a pas lancé de missile balistique, la seconde est qu’il y a bien un essai, mais celui d’un engin n’ayant pas la portée indiquée par le chef-adjoint de l’état-major iranien.

Quoi qu’il en soit, et alors que le Parlement iranien sortant a voté une nouvelle loi visant à augmenter les capacités en matière de missiles balistiques, le général Dehghan a souligné que la doctrine militaire de son pays était « défensive » et qu’il s’agissait ainsi de « garantir la sécurité » de l’Iran.

La mise en service du système de défense aérienne russe S-300, annoncée officiellement ce 10 mai par le ministre iranien, répond évidemment à cet objectif.

« J’informe notre peuple que (…), nous sommes en possession du système stratégique S-300 et qu’il est au service de notre force anti-aérienne », a-t-il en effet déclaré.

On peut croire le général Dehghan étant donné que cette annonce n’est pas une surprise : ces systèmes ont en effet été vus à Téhéran, le 17 avril, lors d’un défilé militaire organisé à l’occasion de la « journée de l’armée ».

C’est en 2007 que Téhéran passa commande, auprès de Moscou, du système S-300. Mais, en 2010, le président russe, Dmitri Medvedev (qui gardait la place de Vladimir Poutine, alors Premier ministre), décida de suspendre la livraison de cet équipement, en s’appuyant sur la résolution 1929 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Il avait été dit, à l’époque, que cette décision fut prise en échange de drones israéliens, l’État hébreu (et les États-Unis) redoutant alors de voir de tels systèmes être cédés à Téhéran dans la mesure où cela aurait compliqué grandement un éventuel raid aérien contre les installations nucléaires iraniennes.

Mais depuis, le contexte a changé. La politique de « reset » initiée par le président Obama à l’égard de la Russie a échoué, en partie à cause de l’affaire ukrainienne et, surtout, il y a eu l’accord de Vienne… D’où la décision de Vladimir Poutine de lever l’interdiction de livrer les systèmes S-300 à l’Iran, qui avait par ailleurs lancé une procédure devant une cour d’arbitrage internatinale.

L’annonce de la mise en service de ces systèmes S-300 par la force anti-aérienne iranienne a été faite alors que, le 4 mai, le commandant des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami, a parlé de bloquer le très stratégique détroit d’Ormuz en cas de « menace » des États-Unis et de leurs alliés.

Sachant que le S-300 est capable de suivre simultanément une centaine d’objectifs et de détruire une douzaine de cibles (missiles, aéronefs) à 200 km de distance et à une altitude de 30.000 mètres, on comprend que les opérations aéronavales dans le Golfe arabo-persique seront plus compliquées.

Enfin, le général Dehghan a également annoncé le début de la production d’un système anti-aérien de conception locale, le Bavar 373. « Ce système longue portée est capable de détruire plusieurs cibles à la fois », a-t-il précisé. « Aujourd’hui, nous sommes capables de produire des systèmes anti-aériens, d’artillerie et des missiles sans l’aide des autres et nous allons continuer dans cette voie à l’avenir », a-t-il prévenu.

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